Le sud de l'Albanie

Lundi 9 août 2010 (suite)

Nous arrivons à Vlora, "ville frontière" entre le nord et le sud de l'Albanie et à la séparation des mers Adriatique et Ioniènne. Ici commence la Riviera Albanaise.

Nous traversons Vlora par une large avenue évitant le centre ville et aboutissons sur le front de mer. Nous longeons la côte, et nous retrouvons, sans avoir eu d'autre choix, devant un tunnel dont la hauteur est limitée à 3.20m. A cet instant, je me souviens avoir lu le récit d'un camping-cariste ayant eu cette même mésaventure...La rue est en sens unique, je n'ai pas d'autre solution, je fais demi-tour et reprends la rue à contresens.

Sans aucune signalisation, un kilomètre avant le tunnel, la route côtière se sépare en deux voies à sens unique. La voie venant du sud emprunte une rue parallèle à l'écart de la côte, mais dans le sens nord-sud, les automobilistes restent en bord de mer et doivent emprunter le tunnel. Je ne suis donc ni le premier, ni le dernier, à devoir rouler en sens interdit.

Un policier fait la circulation à la hauteur de la séparation de chaussée. Je l'interroge, il me fait signe de continuer et de prendre la rue étroite venant du sud, à contre-courant du flot de circulation..

Nous retrouvons notre route et le bord de mer. La plage est très étroite mais la côte, encore un peu sauvage, est très belle avec de nombreuses criques. Plusieurs minuscules campings se présentent à nous avant d'arriver à Orik. Nous songeons à nous arrêter sur l'un d'eux, mais avant nous souhaitons faire quelques courses.

Je suis resté au volant en attendant Isa, stationné devant une épicerie à l'entrée d'Orik. J'aperçois dans le rétroviseur un CC qui se gare non loin de nous. Très étonnant, il est immatriculé en Albanie, à Vlora.

Le camping-cariste regarde notre plaque et vient à ma portière. Dans un excellent français, il me salue et me souhaite la bienvenue en Albanie, puis se présente ; il se prénomme Viktor et il est professeur de Français. Avec sa famille, ils ont prévu de passer la nuit dans le parc national de Llogara et me propose de les accompagner. Évidemment ravis de cette proposition, nous acceptons de les suivre.

Nous prenons la route du col et nous arrêtons dans une petite clairière à l'arrière d'une auberge. Nous y laissons les CC. Viktor nous invite à redescendre à pied au complexe hôtelier Touriste Village www.llogora.com. C'est un bel ensemble au milieu des sapins, comprenant 16 chalets à louer et un restaurant équipé d'une piscine et d'une salle de gym.

Nous passons une formidable soirée en leur compagnie. Viktor est un amoureux de la France et de la langue française. Dans l'évolution actuel des mentalités, où la population est plus enclin au rapprochement avec les Etats-Unis, il continue, malgré tout, à communiquer inlassablement son attachement à notre culture, et nous en sommes très émus. Nous évoquons bien sûr la vie quotidienne en Albanie et les mutations du pays depuis la chute de la dictature. Quelle chance nous avons d'avoir fait leur rencontre !

Nous avons parcouru 278km ce jour, 3 201km depuis notre départ.

 

Mardi 10 août 2010

Contrairement aux précédentes, la nuit a été bien fraîche. Le col est à 1 027m d'altitude et nous ne sommes qu'à 3km de ce dernier.

Nous allons à l'auberge pour prendre un café avant de poursuivre notre route. Hélas, panne de courant générale...

Nous franchissons le col et nous arrêtons juste après, sur un grand parking dominant toute la région de Dhërmi. De ce balcon naturel, nous distinguons toute la Riviera Albanaise, jusqu'à Corfou et la Grèce.

Nous laissons Viktor et sa famille à Dhërmi et poursuivons vers le sud. La route est neuve, parfaitement sécurisée et le revêtement est excellent.

Les paysages sont splendides. La montagne Cérauniènne, cette chaîne qui s'étend de Vlora à la frontière grecque et culmine à 2 045m au mont Cika, plonge dans les eaux turquoises de la mer Ioniènne.

De la route, nous apercevons de toutes petites criques accessibles à pied ou en bateau. Nous quittons la route principale et essayons de rejoindre la plage de Jalë. Beaucoup de monde et peu de place de stationnement, nous rebroussons chemin.

Nous passons le village d'Himara. La route nous conduit devant devant la plage Spila, à la sortie du village. Celle-ci est quasiment déserte, nous en profitons pour nous baigner.

Un petit restaurant serait maintenant le bienvenu...Nous trouvons notre bonheur quelques kilomètres plus loin à Porto Palermo.

Porto Palermo est une magnifique baie encore très sauvage, malgré sa riche histoire. A l'époque communiste, une base de sous-marins soviétiques avait été construite à l'endroit le plus protégé de la baie. L'accès au site est interdit, cependant l'entrée du tunnel long d'un kilomètre, traversant la péninsule, ainsi que les bâtiments annexes, sont bien visibles depuis la route.

Un peu plus loin, au centre de la baie, s'élève sur une presqu'île, une forteresse édifiée au début du XIXème siècle par Ali Pacha de Tepelena. Un petit restaurant fait face à la presqu'île. Nous prenons le temps de déjeuner en terrasse face à ce splendide paysage.

La route quitte la baie et nous offre dans la foulée une vue magnifique sur l'immense plage de Borsh et la coulée de verdure reliant, à cet endroit, la montagne à la mer. Une route rectiligne de deux kilomètres, bordée de palmiers, permet de rejoindre la plage depuis le village. Nous y arrivons, tant bien que mal, au prix de quelques légers frottements de carrosserie et de croisements stressants.

Une fois atteinte, la plage fait moins rêver. Beaucoup de petits bunkers-champignons, pas mal de détritus et du barbelé caché sous le sable...

Les bunkers font véritablement partie du paysage albanais. Disséminés un peu partout dans les campagnes et sur les bords des routes, ces vestiges de l’époque communiste ont pour la plu part été construits dans les années 1970, après que le pays s’était retiré du pacte de Varsovie. Ils étaient destinés à protéger le pays d’une éventuelle invasion. La plu part des blockhaus sont relativement petits et ressemblent, avec leurs dômes de ciment, à de gros champignons de Paris. le Petit Futé

Plusieurs CC sont, semble-t-il, installés ici pour plusieurs jours. Après la baignade, nous préférons continuer notre route.

La route de Saranda s'élève et s'éloigne peu à peu de la côte. A l'entrée de Saranda, nous bifurquons en direction de Gjirostra. Nous roulons une vingtaine de kilomètres en guettant les indications pour la source de l'oeil bleu. Une rivière coule le long de la route, ses eaux limpides d'un bleu intense nous confirme que nous roulons dans la bonne direction. Nous trouvons enfin la petite route sur la gauche, 2km de piste correcte et nous arrivons au site.

L'oeil bleu,,Syri i Kaltër, est le nom donné à une résurgence jaillissant au pied d'un rocher et créant aussitôt une large rivière aux eaux glacées extraordinairement bleues. Durant la dictature, cet endroit était réservé aux membres du Part Communiste.

Un restaurant offre sur place une merveilleuse terrasse ombragée entre le lac et la rivière. Pas de chance, les derniers touristes quittent les lieux et le restaurant ferme ses portes.

Nous avons parcouru 126km, 3 327km depuis notre départ.

 

Mercredi 11 août 2010

La nuit a été très calme.

Nous revenons sur la route principale et partons vers Gjirokastra. La route franchi un col de toute beauté, avant de plonger sur la large vallée du Drin.

Nous arrivons à Gjirokastra. Nous laissons la ville basse et montons en direction de la veille ville, bâtie sur les versants en dessous de la citadelle. L'endroit est touristique, un préposé au stationnement guette notre arrivée et nous guide vers une place réservée pour un CC ; Pour la première fois en Albanie, nous allons devoir payer un stationnement.

Nous remontons les ruelles en forte pente en direction de la citadelle.

Les vieilles maisons sont remarquables, mais il faut également porter une attention toute particulière au pavage des rues et ruelles faisant preuve de beaucoup d'originalité.

Nous visitons la citadelle, partiellement restaurée. A l'extrémité des fortifications, l'esplanade offre un lieu d'observation unique sur la ville et toute la vallée.

Nous quittons Gjirokastra et revenons sur Saranda. Nous traversons la ville en aller et retour, par deux rues parallèles au dessus du front de mer. La ville est un immense chantier de logements. Nous nous arrêtons pour déjeuner dans un restaurant, à la sortie de la ville en direction de Ksamil. Les prix sont toujours aussi doux, 3 plats et 3 boissons pour 15.50€.

Nous quittons Saranda et rencontrons notre première route en construction. Une vision en bord de route nous fait soudain écarquiller les yeux, un énorme complexe hôtelier s'est totalement effondré...

Nous longeons le lac de Butrint et arrivons à Ksamil.

Nous traversons le village et nous n'en croyons pas nos yeux... Contrairement à la première idée qui nous vient à l'esprit, il ne s'agit pas d'un tremblement de terre, mais de la démolition volontaire de dizaines de maisons dont la construction avait été entrepris sans permis. Les ruines restent en l'état, et sont, parfois même encore habitées!

Après 12km de poussière, la route nous offre soudain un joli panorama sur le canal Vivari et la plaine de Vrina, promu parc national de Butrint en 2000.

Nous nous installons pour la nuit sur le parking près du bac.

Nous avons parcouru 204km ce jour, 3 531km depuis notre départ.

 

Jeudi 12 août 2010

La nuit n'a pas été calme. Le bac a fonctionné à plusieurs reprises, dont une fois pour un excité qui s'est permis de klaxonner tant que le bac n'accostait pas sur sa rive.

Nous nous présentons à 8h30 au guichet du site archéologique. Butrint est l'un des joyaux archéologiques de l'Albanie. Édifiée sur une presqu'île à la végétation luxuriante, la cité a conservé la trace du passage de nombreuses civilisations. La visite suit un circuit cheminant dans la ville basse avant de grimper à l'acropole, au sommet de la colline.

Le panorama depuis la terrasse du château est magnifique.

Nous quittons le site à 11h00 et nous apprêtons à franchir le canal sur le fameux bac à câble. Prix du bac à la tête du client ; pas de chance, pour nous , ce sera 10€...

La Grèce n'est plus qu'à une vingtaine de kilomètres, une fois de plus nous devons trouver un bureau de poste, de toute urgence, pour envoyer nos cartes postales timbrées avec les timbres du pays....Nous apercevons un village sur un crête, nous faisons faisons le crochet.

Le bureau de poste est une petite maison isolée au dessus de la place du village, cachée derrière un café et entourée de mauvaises herbes. Alors que nous cherchons en vain la boîte aux lettres, les jeunes hommes assis au café nous font de grands signes pour nous montrer le receveur occupé à discuter un peu plus loin dans la rue. Nous nous approchons de lui, il prend nos cartes et les fourre dans sa poche.

Les cartes les plus chanceuses arriveront chez leur destinataires, chiffonnées ou déchirées...

Nous retrouvons une très belle route au bout de 13km de piste, et nous la conservons jusqu'à la frontière.

Les bureaux de douanes albanais sont encore installés dans des bungalows provisoires, mais un poste flambant neuf est en cours de finition. Côté Grec, les douaniers ont déjà pris possession de leur nouveaux locaux. D'ici peu de temps, cette voie de passage sera tout à fait opérationnelle. Passage rapide et sans aucune difficulté, aucune taxe à payer.