Une cinquantaine de kilomètres sépare Dubrovnik des bouches de Kotor. Nous passons la frontière un peu avant Herceg-Novi situé à l'entrée des bouches. Nous entrons au Montenegro sans aucune difficulté, mais devons payer une écotaxe de 30€. A noter que cette taxe n'est que de 10€ pour les voitures.
Le Montenegro est une petite répubique de 670 000 habitants, indépendante depuis juin 2006. Elle a adopté l'euro comme monnaie officielle lors de sa déclaration d'indépendance. Pourtant, le pays ne fait pas partie de la zone euro, car il n'est pas membre de l'Union européenne. Toutes les devises qui circulent sont émises d'un pays étranger et la banque centrale du Montenegro n'est pas autorisée à frapper la monnaie. Face à l'instabilité économique due aux guerres de l'ex-Yougoslavie, le Montenegro avait choisi le Deutsche Mark en 1999 qui a été naturellement converti en euro en 2002. |
Nous longeons la baie jusqu'à Kotor où nous abandonnons le CC sur un parking payant près du port.
La ville de Kotor est adossée à un pic rocheux tout au fond des bouches. Elle est entourée de remparts. Ces murailles s’élèvent jusqu’au bastion Saint-Jean, situé à une altitude de 280 mètres au-dessus de la ville.
Le golfe des bouches du Kotor s’enfonce sur 30 Km à l'intérieur des terres, entre les massifs de l’Orijen (1895m) et du Lovcen (1749m). Il est classé au patrimoine mondial de l'Unesco.
Nous entrons dans la cité médiévale par la porte sud, la porte de la Mer, et nous retrouvons immédiatement sur la place d'Armes, la place principale de la ville avec sa grosse tour à horloge.
La vieille ville est toute petite, et tous les joyaux de Kotor sont concentrés sur quelques ruelles, la cathédrale Saint-Triphon, l'église Saint-Luc, l'église Saint-Nicolas et la porte du Fleuve.
Rom et moi trouvons le courage de gravir les escaliers menant au bastion Saint-Jean ; 40 minutes d'ascension par une châleur accablante, heureusement, le panorama est au rendez-vous.
20 minutes de descente et retrouvons Isa. Nous quittons Kotor par l'ancienne route serpentine permettant de rejoindre le parc national de Lovcen. La route grimpe à l'aplomb de la ville et nous atteignons en quelques virages le niveau du Bastion. La route monte toujours, de plus en plus étroite.
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Nous arrivons à un hameau, quelques maisons dont une auberge, nous quittons la route de Cetinje et prenons la direction du mont Lovcen. La route se rétrécit encore, une vue unique et inoubliable s'offre à nous et nous prenons maintenant la mesure de ce site d'exception.
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Quelques regrets cependant, il est quasiment impossibilité de se garer et il est à peine trop tôt pour assister au coucher du soleil...
La route bascule derrière la montagne, nous ne reverrons plus la baie. Nous arrivons au col, entre les monts Lovcen et Orijen. Les marchands de produits locaux ferment leur cabane, derrière celles-ci, une immense prairie offre une magnifique aire naturelle de camping . Nous avons trouvé notre premier bivouac au Montenegro.
Nous avons parcouru 144km, 2 264km depuis notre départ.
Nous passons une nuit très calme au milieu de petites fleurs bleues. Nous ne sommes pas seuls, un groupe de spéléo Polonais a installé son campement au milieu de la prairie.
Nous reprenons la route un peu après 9h00. Je démarre un peu trop rapidement pour le GPS qui n'a pas terminé ses calculs. Je loupe la route de Cetinje, et m'engage en direction du sommet du mont Lovcen. La route étroite en cul de sac s'achève au pied de l'escalier du mausolé de Njegos. Nous nous garons sur le minuscule parking, heureusement qu'il n'est que 9h30... Cette erreur est une chance, nous allions passer à côté de ce site incontournable !
Njegos, Pierre II Petrovic Njegos 1813-1851, était un poète, philosophe et souverain monténégrin, considéré comme l'une des plus grande figure politique de Serbie et du Montenegro. Durant sa vie, il avait émis le souhait d'être enterré dans la chapelle construite au sommet du mont Lovcen, ce qui fut fait. Ce mausolé a été construit bien plus tard sur l'dée du sculpteur Ivan Mestrovic, de 1969 à 1974, à l'emplacement de cette chapelle.
461 marches mêment à travers un tunnel long de 80m au sommet du Mont Lovcen, puis une allèe de marbre conduit le long de la crête au mausolé. La statue de Njegos, sculptée dans un seul bloc de granit vert, mesurant 4m de haut et pesant 28 tonnes, trône au centre de l'édifice, que deux statues géantes de femmes monténégrines semblent garder. Les reliques de Njegos sont enterrés dans une crypte au sous-sol, dans le sarcophage de marbre.
Le gardien du site nous observe derrière les grilles et prépare nos trois tickets à 2€. Comme je refuse de payer 6€ pour cette visite et m'apprète à quitter lieux, il revient vers nous avec une brochure en français et nous propose de ne payer qu'une seule entrée. Nous apprécions ce geste et comprenons l'importance de ce monument aux yeux du gardien.
Nous reprenons notre route pour Zabljak. Nous traversons Cetinje et contournons Podgorica. Nous remontons la vallée fertile de Bjelopavlici et la rivière Zerta en direction de Niksic sur une trentaire de kilomètres, puis bifurquons pour rejoindre le monastère d'Ostrog construit à flanc de montagne sur l'autre versant de la vallée. Huit kilomètres d'une route étroite et poussièreuse sont encore à parcourir pour atteindre le monastère. Nous y arrivons pour midi et déjeunons sur le parking des bus, juste avant le "monastère du bas".
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Nous montons par un petit sentier au monastère totalement imbriqué dans la falaise. Ostrog est le site religieux le plus visité du Monténégro. Il est l'un des plus importants lieux de pèlerinage des Orthodoxes du monde entier. Les différent étages sont ouverts à la visite ; nous en effectuons un tour complet et revenons au CC.
Le retour vers la route principale est aussi dangereux que l'aller ; les touristes, que nous avons vu si recueillis et si pieux au monastère, sont redevenus des fous du volant.
A Niksic, nous prenons la route de Zabljak passant par Savnik. Les 80km de cet itinéraire de montagne nous gratifiront de quelques croisements à sensations, avant de déboucher sur un large plateau au pied du Durmitor.
Nous traversons Zabljack et continuons vers le lac noir.
L'accès au lac est payant et réglementé, sans possibilité de bivouac.
Nous suivons les indications du camping Mlinski Potok. Une route étroite entre les sapins nous mène au camping. L'accueil est châleureux, mais le camping est presque complet et les espaces non occupés sont en forte pente. Nous rebroussons chemin. |
Nous sommes revenus sur la route de Savnik. Alors que nous roulons lentement, guettant une opportunité, un gros 4x4 se porte à ma hauteur. Par sa fenêtre, le chauffeur me faire comprendre qu'il possède un camping et me propose de le suivre...Nous montons par une petite route jusqu'à la lisière de la forêt et faisons connaissance avec le camping Razvrsjz. durmitor-autocamp.com. La nuit est à 10€ avec le branchement électrique (dans les sanitaires, heureusement que nous avons 40m de câble) et wifi.
Nous avons parcouru 220km ce jour, 2 484km depuis notre départ.
Nous sommes à 1 460m d'altitude, autour de nous, les sommets du Durmitor culminent à 2 500m. Ce matin, il fait frais et le temps est couvert.
Dans le camping, l'état des sanitaires est très moyen. Curieusement, chaque douche comporte un WC et un bidet.
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Un sentier part du camping et rejoint le lac noir à travers la forêt. Les indications, très nombreuses dans un premier temps, deviennent, au fil de la balade, beaucoup plus aléatoires.
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Crno Jezero, le lac noir, est constitué de deux lacs reliés entre-eux. Il se met à pleuvoir alors que nous ne sommes au tiers de la boucle du lac ; nous choisissons de revenir sur nos pas.
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Nous quittons Zabljak et prenons la direction des gorges de la Tara. Malgré son enclavement et ses difficultés d'accès, la région de Zabljak cherche à devenir une destination de sports d'hiver et le plateau se couvre de résidences de vacances souvent de manière plutôt anarchique.
Nous rejoignons les gorges au pont de Tara. Lors de sa construction, entre 1937 et 1940, le pont Djurdjevica Tara était le plus grand pont de ce type en Europe. Avec ses cinq grandes arches, il mesure 365m de long et passe à 172m au dessus de la rivière Tara. Son état actuel n'inspire guère confiance...
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Du pont, nous apercevons des rafts sur les eaux limpides de la rivière.
Nous descendons les gorges jusqu'à Mojkovac. Classées patrimoine naturel mondial, les Gorges de Tara s'étendent sur près de 80 km de long et leur profondeur atteint 1 300 mètres. Ces gorges sont les plus profondes et les plus longues d'Europe.
Quelques kilomètres au sud de Mojkovac, nous franchissons une nouvelle fois la rivière Tara pour entrer dans le parc national de Biograd et c'est entre les gouttes que nous parcourons le tour du lac glaciaire.
Le stationnement est libre, nous pourrions passer la nuit près du lac. Nous préférons redescendre sur la côte adriatique pour retrouver, si possible, le soleil et un peu de châleur.
La route E65 reliant Mojkovac à Podgorica est magnifique, mais très sinueuse et très dangereuse. Elle comporte d'ailleurs sept points noirs identifiés sur le prospectus d'appel à la vigilance remis à la frontière. Alors que la police est bien présente et patrouille sans cesse, nous constatons, tout au long de ces 80km, des comportements totalement scandaleux, de conducteur Monténégrins ou Serbes, de retour au pays au volant de grosses berlines allemandes et immatriculées en Suisse ou en Allemangne. Nous verrons même une Audi noire, arrêtée devant nous par un motard pour le franchissement d'une ligne continue, nous re-dépasser dans les mêmes circonstances et accidentée quelques kilomètres plus loin à la sortie d'un tunnel... Sans surprise, nous resterons bloqués trois quarts d'heures dans un bouchon occasionné par un accident.
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Il plus de 18h00 lorsque nous arrivons à Podgorica. Nous zappons la visite de capitale et continuons sur la route E65. Nous garderons encore pour un moment, nos souvenirs de l'ancienne Titograd un soir de l'été 1985, et de notre galère à la recherche de coupons, puis d'une pompe à essence ouverte...
Je m'arrête en bord de route pour prendre une photo du lac Shkoder. En 1985, cette route était grillagée et les photos interdites.
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Nous rejoignons l'Adriatique par le tunnel payant, 5€, de Sozina. Long de 4 189m, il fut inauguré en 2005 et facilite l'accès à la mer depuis Podgorica, laqelle ne se trouve plus distante de la côte que de 25km. Lors de voyage de 1985, notre passage par le col nous vaudra un PV de quelques dinars par personne, pour le dépassement d'une Zastava 500 roulant à 20km/h, sous les jumelles des policiers stationnés au sommet du col.
Nous retrouvons le bord de mer à Sutomore. La circulation est celle des routes reliant les stations balnéaires un soir d'été, nous roulons au pas, pare-chocs contre pare-chocs. Une pinède à l'entrée de Bar nous offre enfin un point de chute, il est 21h30. 42.107325,19.08977
Nous avons parcouru 249km ce jour, 2 733km depuis notre départ.
Nuit calme.
Nous sommes à l'entrée de Bar, il suffit de traverser la pinède pour découvrir une belle plage à 100m. Nous nous déplaçons pour acheter du pain et restons le temps du petit- déjeuner, sur l'immense parking de la nouvelle salle de sport de Bar, le palais des sport Topolica, où se déroule du 5 au 15 août le championnat d'Europe de basket des moins de 16 ans. |
Cette partie de la ville est nouvelle et en construction. Face au palais des sports, des chantiers de logements et d'une église orthodoxe.
Nous partons pour Ulcinj, la ville la plus au sud du Montenegro.
Nous contournons la ville et continuons en direction de la Grande Plage
A quelques centaines de mètres avant la plage et à l'écart de l'agitation, un panneau retient notre attention. Tout au fond d'une parcelle clôturée comportant trois ou quatre petites villas, une zone de camping est aménagée sur une partie herbeuse. Un petit bloc sanitaire fonctionnel et propre, quelques places à l'ombre des canisses avec branchement électrique, le tout pour 20€. Il est à peine 10h, nous nous installons tranquillement et partons à la plage.
La Grande Plage porte bien son nom. Du sable noir sur 12 kilomètres, c'est la plus grande plage de sable de la côte adriatique, et cela se sait..Il suffit de regarder les plaques d'immatriculation, tous les Serbes se retrouvent ici, du Montenegro bien sur, mais également de Serbie, de Bosnie et du Kosovo. Une fois de plus, nous sommes surpris par l'abondance de voitures de luxe neuves, des allemandes pour la plupart, mais aussi quelques Ferrari dont une immatriculée au Kosovo... Les meilleures ventes de la plage, les serviettes de bains représentant ces marques ou des billets d'euros.
Nous avons parcouru 33km ce jour, 2 766km depuis notre départ.
Nous quittons le camping Eko un peu avant 10h00 et partons pour l'Albanie.