Le Grand Sud

Vendredi 25 décembre 2009

Nous réglons nos deux nuits de camping, 64DT (35€), et quittons Tozeur après avoir salué nos amis que nous devrions retrouver à Douz, s'il reste encore de la place au camping du Désert Club à la veille du Festival du Sahara.

 

Pour rejoindre Douz, nous devons emprunter la route P16, la seule route permettant de traverser, sur une digue de près de 80 km, une vaste cuvette d'environ 5000km2, plane et couverte de sel, le Chott el Jerid.

 

Nous nous arrêtons à mi-chemin pour admirer la blancheur étincelante des cristaux de sel

Nous arrivons à Douz vers midi. Le village est tout à la préparation de la grande fête annuelle. Nous traversons l'agglomération sans voir l'indication du camping. Nous nous arrêtons à l'office de tourisme où nous sommes gentillement accueillis, un jeune enfourche sa mobylette et nous conduit au camping.

Le camp est très agréable, au coeur de l'oasis, juste comme il faut à l'écart de l'agitation du centre du village. Il n'y a que 3 CC, nous nous installons à la mince ombre de deux immenses palmiers. campingdouz.skyrock.com

La météo n'a fait qu'embellir à mesure que nous roulions vers le sud.

A 13h50, en ce jour de Noël, notre thermomètre affiche INT 30°C, EXT 35°c. A la maison, la température est descendue à -20°C cette semaine...

Cette canicule, additionnée à notre manque de sommeil, nous assomme ; une sieste s'impose.

 

En fin d'après midi, nous retournons à l'office du tourisme pour étudier les possibilités de découverte du désert. Nous acceptons la proposition du patron d'une agence présent à l'office, pour une randonnée de 3 heures en dromadaire au tarif de 35Dt (20€) par personne, incluant le départ et le retour au camping en taxi. Le rendez-vous est fixé à 8h30 le lendemain matin.

Nous revenons au camping. Des 4x4 affluent par demi-douzaines, les douches sont prises d'assaut. Trop tard pour la douche, tout comme pour le restaurant qui affiche complet ce soir.

Nous avons parcouru 130km ce jour, 875km depuis notre arrivée en Tunisie.

 

Samedi 26 décembre 2009

8h15, notre taxi nous attend devant l'accueil. Nous montons dans le Toyota Hiace, 625 000km au compteur, musique à fond...Notre chauffeur semble être très, très en pressé, il conduit comme un taré, je préfère ne pas regarder ses dépassements...

Nous arrivons devant l'agence touristique. 2 CC allemands ont passé la nuit sur le parking et nous attendent. Nous passons un chech et rejoignons les dromadaires. Les Allemands sont prêts, en fait seuls les maris ont enfilé une djellaba et partagent notre aventure.

Les deux guides nous accompagnent à pied. Au bout d'une bonne heure de marche, les constructions et l'oasis ont totalement disparu de notre horizon. Notre caravane s'arrête, nos guides commencent à préparer la galette du désert.

Tandis que le premier a trouvé des brindilles et prépare le feu, le second pétrit la pâte à pain à l'intérieur d'un sac en jute, à l'abri du vent et du sable. La pâte est ensuite déposée et recouverte de braise. Dix minutes plus tard, le pain est cuit. Notre boulanger ressort la galette, puis la tapote énergiquement pour la débarrasser des cendres. Nous pouvons passer à table.

Nous sommes assis en cercle, nous commençons à être un peu las de la conversation exclusivement en Allemand avec nos deux compagnons camping-caristes bavards qui ne font, de leur côté, aucun effort...nous attendons sagement, le chamelier tend à chacun d'entre nous un morceau de pain tout chaud et une portion de Vache qui Rit ( Président)...c'est bon, un peu comme en colo.

Nous prenons le chemin du retour, nos guident se mettent à chanter. J'apprécie de plus en plus ma monture, son aisance à franchir les dunes me fascine.

Nous arrivons à l'agence. Nous remercions nos guides et quittons nos compagnons germaniques après qu'ils nous aient gentillement offert un café. Nous reconnaissons que nous avons passé une très bonne matinée et vécu une belle expérience.

De retour à Douz, nous achetons des dattes Neglet en Nour, en branches, comme nous l'a conseillé Sophie, la gérante du Desert Club, puis revenons au CC. Nous constatons avec joie que Prosper, le CC d'André et Patricia, est déjà arrivé.

Nettement moins d'affluence ce soir au camping et il reste même de la place au restaurant du camping.

Dimanche 27 décembre 2009

A notre arrivée, Sophie nous a indiqué que camping était complet à partir du dimanche pour toute la durée des festivités. Par ailleurs, l'ouverture officielle du Festival du Sahara est prévue pour 10h00 ce matin, mais les premiers spectacles ne commencent qu'à partir de 14h00. Notre temps étant également compté, nous faisons le choix de quitter Douz ce matin, comme je l'avais initialement prévu. Je retourne une dernière fois sur la grande place du village pour faire quelques photos et acheter du pain frais. Nous quittons, définitivement cette fois, Patricia et André et prenons la route de Matmata.

Nous faisons le plein de GO à la station Staroil à la sortie de Douz sur la C105. Je régle,en CB. Après deux tentatives, le pompiste m'indique que la connexion ne fonctionne pas. Je paye en espèces 49DT(28€). Alors qu'il m'a bien semblé que cette transaction avait été annulée, nous constaterons, à notre retour sur le relevé bancaire, que le retrait avait été effectué.

Notre circuit

Les paysages traversés par la route C105 sont désertiques, mais absolument pas monotones. Plusieurs formes de désert se succèdent, de sable exclusivement, parsemé de petits buissons, de pierres, de roches ou couvert de sel.

Nous arrivons à Tamezret et abordons une région plus montagneuse. Nous nous arrêtons pour déjeuner un peu à l'écart de la route, quelques kilomètres avant le village.

Vers la fin du repas, deux enfants avec un âne, qui nous ont aperçu de loin, s'approchent du camping-car. J'ouvre la fenêtre, le garçon d'une huitaine d'année me demande timidement "tu me donnes un portable...ou un dinard.." Je lui donne un paquet de Pim's, ils disparaissent aussitôt.

Nous traversons le très joli village de Tamezret, sa construction en pierres sèches au sommet d'une colline, lui donne beaucoup d'allure.

Nous approchons de Matmata. En bord de route, nous apercevons les premières maisons troglodytes, en terre rouge, avec les entourages de portes et fenêtres peints en blanc. Certaines d'entre-elles ont servi de décor à la saga Star Wars , ce qui ne nous dit rien du tout puisque nous n'avons vu aucun des six épisodes... En passant devant l'hotel Sidi-Driss, des jeunes nous font de grands signes pour nous attirer dans les maisons. Nous préférons poursuivre notre route.

Nous sommes maintenant sur la C104 qui permet de traverser la chaîne de montagne, Djebel Tahar, pour rejoindre Medenine. Nous ne sommes pas très haut, à peine à 500m, mais nous profitons déjà d'une large vue sur la plaine, avec au fond, à 25km à vol d'oiseau, la mer du Golfe de Gabès.

A la faveur d'un virage, nous découvrons le magnifique village de Toujane. Le versant de la montagne est déjà dans l'ombre, les maisons de pierres se fondent dans l'environnement minéral, seule la mosquée blanche se détache du décor.

Nous arrivons à Metameur. Nous apercevons la colline avec le ksar dominant la plaine. Nous montons à travers le le village et osons pénétrer dans la grande cour rectangulaire.

Les derniers rayons de soleil rougissent encore le sommet des greniers. Un jeune garçon nous propose un thé et nous confirme que l'on peut passer la nuit dans ce lieu splendide, moyennant 10DT (5€), avec électricité, eau et douches. Il est également possible de dîner pour 10DT par personne, ce que nous acceptons volontiers.

19h00, la nuit est tombée, nous nous installons à l'intérieur, au rez de chaussée de l'un des greniers transformé en salle à manger. La mère du jeune garçon nous apporte tout le repas, la soupe, les bricks et le couscous, et repart en nous demandant de ne pas débarrasser car elle s'en chargera le lendemain matin...Nous sommes tous seuls, nous dînons, éteignons la lumière et rentrons nous coucher.

Nous avons parcouru 172km ce jour, 957km depuis notre arrivée en Tunisie.

Lundi 28 décembre 2009

Nuit très calme. Nous dormons très bien... jusqu'à 6h00 et l'appel du Muezzin juste au dessus de nous.

Nous reprenons la route et profitons de notre passage à Medenine pour retirer des dinards. Il est très difficile de se garer et nous devons nous y reprendre à trois reprises avant de trouver un DAB acceptant notre CB.

Nous pouvons maintenant partir pour le circuit des Ksours. Nous quittons Medenine par la C113 et retrouvons les pentes du Djebel Tahar.

Les ksour, pluriel de ksar, sont un ensemble de greniers fortifiés, assemblage de cellules appelées ghorfa, mesurant chacune environ 2m de large, 2m de haut par 5m de long, qui servaient de refuge aux berbères et à protéger les récoltes des voleurs. Les cellules sont juxtaposées sur 2, 3, ou 4 étages mais ne communiquent pas entre-elles. Aucun couloir ne les dessert et l'accès ne peut se faire que par la façade principale. Un escalier rudimentaire, voire même un simple morceau de bois scellé dans le mur, permet d'accéder aux différentes cellules.

Le premier Ksar que nous découvrons est le Ksar Joumaa. Nous laissons le CC en bord de route, et rejoignons la crête par la piste. Les premiers ghorfas, d'un seul niveau, forment une ruelle qui se ressert et débouche sur une minuscule place tout au bout de la crête, entourée de greniers sur 2 et 3 étages.

Nous traversons Ksar Hadada, puis Ghomrassen.

Nous nous arrêtons pour déjeuner à l'écart de la route, le paysage a un petit côté Monument Valley bien agréable..

Nous apercevons le piton de Guermessa. Nous ne tenons pas compte des panneaux indicateurs à l'entrée du village, nous suivons les indications du GDR et traversons le nouveau Guermessa. La route goudronnée laisse soudain place à un chemin caillouteux, très raide, au pied de la montée. Nous préférons revenir sur nos pas et suivre la direction précédemment indiquée de la piste de Ksar Ghilaane.

Après 2km de route, nous devons bifurquer sur une piste en terre. Cet accès n'est pas le bon choix en CC, malgré la garde au sol au dessus de la moyenne de notre CC, nous touchons à deux reprises.

Le guide officiel a eu tout le temps de suivre notre progression. Il vient à notre rencontre alors que nous nous garons sur le grand parking au pied du site. Nous retrouvons le chemin que nous avons abandonné au pied de la montagne, nous n'avons vraiment rien gagné à faire ce long détour.

A mesure que nous approchons du piton d'où se détache la mosquée toute blanche posée sur l'arête, nous découvrons les nombreuses ouvertures creusées dans la roche. Le guide nous fait visiter l'intérieur d'une maison troglodyte, puis le moulin à huile, à flanc de falaise. Ses commentaires, intéressants dans un court premier temps, nous laissent sur notre faim. En fait, notre homme a terminé sa journée et n'a qu'une seule préoccupation, rentrer à Tataouine, et il compte sur nous pour cela... Nous quittons un peu précipitamment ce lieu magnifique en embarquant le guide.

Tataouine n'est pas du tout notre direction et nous faisons un détour de près de 20 km pour le laisser à l'intersection de la route de Chenini.

Pour entretenir la conversation, je lui indique que nous avons observé de belles villas en bord de route ; sa réponse est laconique "c'est des Français" (comprendre des Tunisiens revenus au pays et visiblement il ne semble pas les apprécier...)

Chenini nous apparaît à la sortie d'un virage. Nous apercevons le ksar en haut de la colline et la mosquée blanche. Plusieurs groupes de 4x4 ont investi le village, toute l'agitation occasionnée ne nous plait guère. Nous nous arrêtons une fois le village dépassé pour prendre quelques photos, puis continuons en direction de Douiret.

Nous arrivons à Douiret. Nous déposons le vieux berger, que nous avons pris en stop en chemin, au centre du village moderne, et continuons vers l'ancien site.

Nous entamons cette visite au soleil couchant. Les paysages alentour, à la teinte uniforme et aux reliefs accentués par les jeux d'ombre, sont extraordinaires. Les vestiges du vieux village, en se fondant dans le décor, semblent s'étendre à perte de vue .

Le vent souffle assez fort maintenant, comme précédemment sur la crête de Guermessa. Nous renonçons à passer la nuit sur le petit parking du ksar et redescendons nous abriter près de l'auberge de jeunesse, fermée en cette saison.

Nous avons parcouru 168km ce jour, 1125km depuis notre arrivée en Tunisie.

Mardi 29 décembre 2009

Quelle nuit! Les rafales n'ont pas cessé de secouer le CC. Vers 2 heures du matin, n'en pouvant plus, je décide de quitter les lieux. Je remonte vers le ksar et m'arrète 500m plus loin, à l'abri de la montagne.

Je me relève à 5h30. Il fait encore nuit, je reprends la route en direction de Tataouine et Ksar Ouled Soltane.

Le jour se lève à l'approche de Maztouria, je profite de cette occasion pour faire de jolis clichés du soleil levant.

Nous arrivons à Ouled Soltane ; il est temps de prendre notre petit déjeuner, la visite du ksar attendra.

Le site est totalement désert lorsque nous pénétrons dans la première cour. Quelques jeunes, emmitouflés dans leur djelaba, attendent les touristes, allongés sur des marches à l'entrée du ksar. L'un deux nous emboîte le pas.

Le ksar comporte deux cours, datant respectivement du XVème et XIXème siècle. L'ensemble est parfaitement restauré et admirablement protégé. Fait exceptionnel, aucune boutique, aucun étalage n'encombre les cours. Avant de partir, le jeune qui nous a présenté les lieux mais ne nous a rien demandé pour la visite, nous invite simplement à regarder les aquarelles représentant le ksar qu'il peint avec ses frères. Nous sommes vraiment touchés par l'approche du tourisme de ces jeunes et l'amour qu'ils portent à leur patrimoine. Nous achetons deux aquarelles en espérant qu'ils sauront conserver très longtemps cet état d'esprit...

Nous reprenons le CC et suivons par la boucle indiquée dans le GDR par le village d'Ezzarah.

Nous entrons dans Tataouine par l'avenue Habib Bourguiba. La rue est bouchée, nous n'avançons plus. Tout autour de nous, c'est un véritable musée Peugeot, consacré exclusivement à la 404, en berline, en break, en camionnette...Unique. Nous apercevons la vitrine de la pâtisserie Le Kram présentée dans le guide comme "la référence" pour la spécialité de la ville, la corne de gazelle. Nous n'hésitons pas, Isa et Rom filent en acheter avant que les voitures ne redémarrent.

Nous laissons Tataouine et le Grand Sud et prenons la direction de Medenine et Gabès.

Le vent n'a pas faibli, le sable vole et s'accumule sur la route.

Nous nous arrêtons pour déjeuner à la sortie de Medenine. Depuis notre départ de Tunis, nous avions remarqué parfois, en bord des routes, des vendeurs d'essence de contrebande, en provenance de Lybie ; cette fois, sur cette portion de la route P1, ce commerce prend des proportions inimaginables : des rangées de bidons rouges, verts et bleus sont alignés tous les 20 m des deux côtés de la chaussée!

j l k
m

Il nous faut trouver maintenant une station où nous pourrons faire également le plein d'eau. Nous en trouvons une à Mahrès après une demi-douzaine d'essais infructueux. Nous constatons une nouvelle fois qu'il ne faut surtout pas se fier aux pompistes, il est vraiment impératif de faire le plein d'eau avant celui de GO faute de quoi on risque bien de repartir bredouille...

Nous laissons la route P1 pour l'autoroute à la sortie de Sfax. Route ou autoroute, nous croisons toujours ça et là des bergers sans terre profitant des accotements pour faire paître leur maigre troupeau.

Nous arrivons à El Jem à 18h00. Je n'ai pas prévu de point de chute, j'espère trouver un parking près de l'amphithéatre. Je m'arrête dans la rue pour étudier la carte, un homme en mobylette vient à la portière et nous demande de le suivre. Il nous indique qu'il possède un café près de l'amphithéatre avec un parking où nous pourrons passer la nuit...

Nous le suivons en guettant l'arnaque. Le gigantesque monument nous apparaît au bout de la rue. Celle-ci est totalement bouchée, elle est à sens unique et c'est l'heure des livraisons des commerces. Notre homme réussit à nous faire progresser en activant les livreurs, et en n'hésitant pas à faire déplacer les camions...

Nous arrivons devant le café. Le parking est minuscule, il ne reste qu'une place partiellement encombré par le feuillage d'un oranger.

Nous sommes à peu près garés, tout contre la terrasse. Difficile de ne pas consommer, nous nous y installons et commandons des jus d'orange frais. Un autre café se trouve également juste en face, avec une cinquantaine de clients en terrasse...Comment allons-nous faire pour dormir dans ce brouhaha...

Nous avons parcouru 440km ce jour, 1 565km depuis notre arrivée en Tunisie.