Opuwo

Jeudi 4 août 2011

Nous roulons jusqu'à Kamanjab. Nous y faisons quelques courses dans un supermarché, juste avant de nous engager, avec appréhension sur la C40, pour 360km de piste jusqu'à Opuwo.

Nous sommes entrés dans le Damaraland. Les paysages que nous traversons sont maintenant totalement différents.

Malgré l'hiver, la végétation fait preuve d'une grande diversité. Nous découvrons ici, pour la première fois, une variété d'arbre originale et d'une grande beauté, au feuillage caduc mais au tronc et aux branches d'un blanc éclatant.

Nous traversons la barrière sanitaire juste avant de découvrir Palmwag. Cette frontière, la red line, correspond à un point de contrôle vétérinaire entre le nord et le sud du pays, mais aussi entre les grands élevages de bétail des fermes des blancs et les petits élevages des noirs. Ainsi, le bétail élevé au nord ne peut être transporté ou vendu au sud. Nous franchissons cette barrière sans aucun contrôle.

Nous nous arrêtons un peu plus loin, en bord de piste, pour déjeuner. Nous apercevons par la fenêtre de notre salon, les grands palmiers de l'oasis de Palmwag.

Le déjeuner nous laisse le temps de la réflexion ; Si nous poursuivons notre route, la prochaine étape envisageable est Sesfontein, et il nous faudra encore faire 115km de piste...C'est décidé, si c'est possible, nous passons la nuit sous les palmiers de Palmwag.

Nous nous présentons au bar extérieur du lodge. Le barman hésite, interroge son responsable et finalement nous trouve un emplacement tout à fait satisfaisant, avec eau, BBQ et électricité pour N$315.

Les sanitaires sont entièrement ouverts sur la rivière Uniab, jamais nous n'avons pris de douche dans un tel décor...dommage les éléphants ne sont pas là.

Nous passons l'après midi dans cet endroit paisible, occupés à la préparation des prochaines étapes, 30°C à l'ombre et Windhoek Lager bien fraîche.

Nous avons parcouru 151km ce jour, 3 154km depuis notre départ.

Vendredi 5 août 2011

Nous quittons le lodge un peu avant 9h00, il fait 13°C. Un springbok broute tranquillement juste de l'autre côté de la barrière, c'est peut-être un signe...

La piste C43 est très vallonnée et nous devons franchir de nombreux gués. A n'en pas douter, ce trajet nécessite un 4x4 en dehors de la période sèche.

Nous apercevons plusieurs girafes. En quelques kilomètres, un nombre incalculable d'animaux se présentent à nous. Nous sommes maintenant totalement pris au jeu et chacun de nous scrute attentivement de son côté....

Après les girafes viennent les oryx et nos premiers zèbres...

et encore des zèbres...puis des Koudous...

Nous vivons une matinée exceptionnelle, nous venons d'observer plus d'animaux en une heure qu'en douze jours de voyage...Notre seule préoccupation, allons-nous voir des éléphants?

Nous approchons de Sesfontein, la végétation est encore différente avec des arbres très verts, magnifiques.

Il est 13h00 lorsque nous arrivons à l'intersection pour Sesfontein. Nous décidons de nous arrêter pour déjeuner.

Le déjeuner terminé, nous renonçons à la visite de Sesfontein pour rejoindre au plus vite Opuwo et en terminer avec les 137km de piste.

La route s'élève à l'approche du col Joubert situé à 1 713m d'altitude. Nous apercevons au loin la rude montée finale. Une niveleuse est en action exactement sur notre voie, mais un passage est provisoirement aménagé en contrebas de la piste. Sans trop me poser de question, je prends mon élan et franchit sans m'arrêter les bourrelets de gravier...

Nous sommes entrés dans le Kokoaland, et apercevons les premiers villages Himbas ainsi que d'impressionnants baobabs. Nous approchons d'Opuwo, quelques femmes Himbas attendent au bord de la piste et font de grands signes pour être prises en photos...Tiens, la clim ne marche plus!

Nous arrivons enfin à Opuwo et choisissons de passer la nuit au Kunene Village Rest Camp, le camping géré par la communauté locale. Nous suivons le fléchage à travers tout un quartier très pauvre, constitué de toutes petites maisons en béton, parfaitement identiques et arrivons enfin au camping. Nous en pleine nature, à plus de 2km du centre...

Nous avons parcouru 234km ce jour, 3 388km depuis notre départ.

 

Samedi 6 août 2011

Un second véhicule nous a rejoint une fois la nuit tombée et s'est installé à côté de nous. Il faut dire que les emplacements à peu près plats ne sont pas nombreux et leur accès nécessite, pour la plupart, un 4x4. Les sanitaires sont très rustiques, mais très propres, avec de l'eau chaude dans les douches, ce qui est bien agréable lorsqu'il ne fait qu'une dizaine de degrés au petit matin...Nous payons N$180 pour la nuit et partons pour Opuwo.

Nous suivons la longue rue principale d'Opuwo jusqu'à la fin de l'agglomération et revenons sur nos pas. Cette ville ne ressemble plus du tout aux agglomérations que nous avons vues dans le pays. Ici, ce n'est plus l'Afrique à la sauce allemande, mais une Afrique plus authentique avec ses commerces installés sous des tôles ondulées ou des bâches et ses cases traditionnelles.

Il est encore trop tôt pour les touristes, mais il y a déjà beaucoup de monde dans cette rue poussiéreuse, et notamment des enfants qui ne sont pas en classe en ce samedi matin. La plupart des femmes portent les tenues traditionnelles de leur peuple d'appartenance, Himbas ou Herero.

Les femmes Himbas, au teint orangé, s'enduisent le corps et les cheveux d'un mélange de beurre, d'herbes et de terre qui leur assure une protection contre le soleil et les insectes. Elles ne portent, pour tout vêtement, qu'une mini jupe en peau de bête... A l'inverse, les femmes Herero portent des robes à crinoline très colorées, et une coiffe en forme de corne. L'origine de cette tenue date de la présence des missionnaires allemands.

Et toutes deux ont un téléphone portable dans les mains, et n'attendent que les photographes pour monnayer des clichés...

Un ensemble moderne et flambant neuf comprenant un supermarché OK Crocer, une banque et une station service occupe paradoxalement l'autre rue de la ville, en partant sur la C41. Nous y allons pour faire quelques courses, tandis qu'un groupe d'enfants passent de voiture en voiture en quête de nourriture...

Le village d'Opuwo nous ayant montré les limites de son intérêt, nous nous mettons à la recherche du moyen de visiter les fameux villages himbas. Nous nous présentons pour cela au Kaoko Informations Centre, la minuscule cabane jaune au centre du village, comme indiqué dans le Lonely Planet.

Le guide que nous rencontrons nous indique qu'il est pris pour la journée, mais qu'il peut nous trouver une autre personne pour s'occuper de nous, et nous annonce les tarifs : N$250 pour le chef du village et N$200 par personne pour le guide... Rapide calcul, cela fait N$850 pour nous trois, soit 85€, 25€ pour le village et 60 € pour le guide! Ce tarif prohibitif n'est pas négociable, nous sommes bien loin du paquet de riz en cadeau, nous laissons le guide et quittons Opuwo.

Nous sommes extrêmement déçus, mais cette fin d'aventure est une conclusion logique compte-tenu l'ambiance que nous ressentions depuis le début de la matinée. Cette étape aurait nécessité une meilleure préparation, et peut-être aurions-nous du demander aux gérants du camping de nous organiser cette visite...

Nous suivons la C41 sur 60km, puis redescendons vers le sud sur la C35 en direction d'Outjo. Nous roulons à 110km/h sur une interminable ligne droite, lorsque un bruit sourd se fait entendre. C'est une nouvelle crevaison, à l'avant gauche cette fois...

Le pneu est déchiré, je démonte la roue et prépare la roue de secours. Celle-ci est également à plat, la réparation de Swakopmund n'a pas tenu.

Nous sommes à 150km du premier village et la circulation est quasi nulle. Quatre femmes, portant la tenue traditionnelle herero, sortent de la brousse et nous observent en retrait.

La plus jeune s'approche de nous, et nous présente en anglais, sa grand-mère, sa mère et sa tante. Seule la grand-mère n'a pas de portable...

Un pick-up s'arrête. Ce sont des responsables de chantiers qui travaillent sur cette route. Ils emportent notre roue pour la regonfler au dépôt de l'entreprise situé à une trentaine de kilomètres, Romain les accompagne. Nous restons là en plein soleil, Isa, nos quatre femmes, et moi.

Ces dernières sont totalement désintéressées de nos soucis, et me demandent de les prendre en photos. N'ayant présentement rien d'autre à faire, je m'exécute. Elles placent ensuite le chapeau sur la tête d'Isa, il ne lui va pas du tout, mais cela permet de faire encore quelques photos...La plus jeune me réclame des dollars pour les photos, puis m'explique que sa grand-mère à faim...Nous lui donnons du riz et des gâteaux qu'elle glisse aussitôt dans sa robe sans aucun signe de satisfaction.

Nos sauveurs reviennent enfin, nous les remercions comme il se doit et remontons la roue. Nous reprenons la route, nos compagnes ont disparu.

Nous re franchissons la red line ; cette fois les contrôles sont beaucoup plus sévères et notre frigo est inspecté. Nous devons nous séparer des saucisses que nous nous avons pourtant achetées dans le sud mais que nous n'avons pas eu l'occasion de faire griller. Je fais signe à un enfant derrière le grillage, celui-ci a très vite compris, il emporte le paquet de saucisses et les dévorent aussitôt, crues.

Nous arrivons à Outjo. Les stations services sont déjà fermées ; à deux reprises je tente ma chance en contactant les numéros d'urgence, en vain aucune des deux n'a notre taille de pneu. Nous suivons les indications du Lonely Planet et rejoignons le Ombinda Country Lodge à 1km au sud de la ville.

Nous avons parcouru 410km ce jour, 3 798km depuis notre départ.

Dimanche 7 août 201

Les campeurs sont partis rapidement ce matin et nous avons maintenant le camping pour nous tous seuls. La roue avant gauche du CC est encore gonflée, mais nous devons impérativement trouver un nouveau pneu avant de poursuivre notre chemin.

Nous profitons de la matinée pour faire un brin de toilette au CC; La dame du camping, à qui nous avions fait part de nos ennuis la veille, vient vers nous pour avoir plus de renseignements sur le type de pneu que nous recherchons. Après plusieurs coups de téléphone, (il est 10h00 et elle nous confesse que ses connaissances sont à la messe) elle nous indique un garage, à la sortie d'Outjo, qui va pouvoir nous dépanner.

Nous sommes devant la station. La gérante arrive au volant d'un 4x4, suivie de son ouvrier, qu'elle a fait venir exprès pour nous. La réparation effectuée, nous mettons à profit l'ouverture du supermarché pour compléter nos réserves. Nous voilà prêts pour repartir!

Nous revenons au camping et passons l'après midi à l'ombre, au bord de la piscine, l'esprit libéré.