Nous restons une heure et demi sur la passerelle sans voir d'ours. Le spectable de tous ces saumons se frayant un chemin entre les poissons morts n'est pas des plus agréables, nous décidons de partir vers le Salmon Glacier. A peine avons-nous fait quelques métres en voiture, que nous apercevons un ours en bord de route. Je ralentis et nous le suivons à distance sur une centaine de métres, il s'arrête de temps en temps pour nous regarder tout en continuant droit devant lui. Soudain une autre voiture arrive et nous dépasse, il s'enfile aussitôt dans les buissons et disparaît.
Nous poursuivons en direction du glacier. Nous remontons la Salmon River, la route revient en Colombie Britannique, l'enrobé laisse place à la terre. Nous suivons la piste sur environ 25 km, celle-ci est suffisamment large pour se croiser et en bon état si on excepte quelques passages avec de très gros trous. Nous avons gravi 1 200 m, j' aperçois le glacier lorsque soudain le témoin rouge de la température de l'huile de la boîte de vitesse automatique s'allume. Je m'arrête aussitôt et nous consultons le manuel. Je redémarre, il s'est éteint. Pas pour longtemps, il s'allume à nouveau. Je recommence et roule en seconde, nous arrivons sur le parking du glacier.
Le glacier est magnifique, il serpente entre les montagnes avant de prendre une courbe serrée vers la vallée que nous venons de remonter. Il nous rappelle le glacier d'Aletsch en Suisse... Nous déjeunons dans ce décor grandiose.
La route est un cul de sac, nous redescendons vers Hyder, le témoin ne s'allume plus. Nous arrivons à la passerelle d'observation, aucun ours n'a pointé son museau depuis notre départ, nous continuons vers Stewart.
Le poste frontière est en vue, une banderolle indique avec humour que la ville fantôme de l'Alaska nous salue, mais le douanier canadien nous guette. Des plots sont en travers de la chaussée, le douanier sort de son bureau, lunettes de soleil miroir sur le nez, et s'approche lentement de ma portière... Raison du voyage, passeport, qu'Isa doit aller chercher dans la cellule, drogue, armes à feu... Ouf ! nous pouvons revenir au Canada...
Nous nous arrêtons devant le bureau du tourisme de Stewart car je souhaite savoir s'il y a un garagiste dans la ville. Pas de chance, celui-ci est fermé le lundi ! Nous traversons la rue principale colorée et bien mise en valeur, à la recherche de wifi,
nous captons celui d'un hôtel, le seul garage de Stewart qui devrait être ouvert est visiblement fermé... Plus rien ne nous retient à Stewart, nous décidons de prendre la route pour Prince Rupert.
La route 37A nous offre encore deux ours, puis nous arrivons à la jonction avec la route 37 où je reprends un peu de gasoil par sécurité. Il est hors de prix, presque 1€ le litre !
Nous retrouvons la Trans Canada Highway, nous roulons encore une cinquantaine de kilomètres avant de nous arrêter dans une petite clairière au bord de la Skeena River.
Nous avons parcouru 362 km ce jour, 13 133 km depuis notre arrivée à Halifax.
Nuit calme, comme on peut en avoir au Canada, la route et la voie ferrée ne sont jamais bien loin. Un passage à niveau est juste de l'autre côté de la rivière et tous les trains klaxonnent à son approche.
Nous suivons la Skeena River, et plus nous nous rapprochons de son embouchure plus celle-ci se transforme en un très joli fjord.
Nous sommes presque arrivés, nous faisons un dernier arrêt à l'aire de service de Port Edward. Celle-ci domine le port et ce que nous voyons nous laisse bouche bée : un remorqueur est en train de déplacer deux maisons et leurs dépendances. Le plus surprenant, nous apercevons les occupants assis sur leur chaise !
Il est 12h30, l'e-mail de confirmation de BC Ferries ne nous étant pas parvenu, nous préférons ne prendre aucun risque et nous rendre directement au port de Prince Rupert pour valider notre départ. Nous devons nous présenter à 5h00 demain matin, la dame de la compagnie nous propose de dormir dans la file d'attente moyennant CAD$22, nous préférons sortir de la ville et rejoindre le parking des Butze Rapids.
Nous avons parcouru 205 km ce jour, 13 338 km depuis notre arrivée à Halifax.
Il a plu toute la nuit et sous les arbres les gouttes étaient encore plus grosses et faisaient encore plus de bruit... Le soleil devait faire son retour ce matin, nous quittons Prince Rupert, la ville la plus humide du Canada, sous la pluie.
L'Inside Passage est un itineraire de 500 km reliant Prince Rupert à Port Hardy sur l'île de Vancouver parcourant la côte canadienne derrière un paravant d'îles montagneuses protecteur des tempêtes. Il faut 15h00 aux ferries pour parcourir ce trajet. Cette traversée nous revient à CAD$848,65, dont CAD$100 de cabine.
La première partie du voyage dans le Grenville Channel est la plus spectaculaire. Dans ce passage long de 70 km, la largeur n'est que de 400 m alors que les fonds atteignent 500 m.
Les sommets enneigés encadrent ce chenal, le ferry met 4h00 pour le traverser, pas de chance pour nous, midi approche et nous sommes toujours dans la grisaille.
Le soleil fait son apparition en début d'après-midi alors que nous faisons escale sur l'île de Swindle, en territoire indien.
Avec le soleil et le ciel bleu, la dernière partie de la croisière prend une autre tournure et nous restons sur les ponts à admirer ces îles vierges de toute intervention humaine jusqu'au coucher du soleil.
Nous débarquons à Port Hardy sur l'île de Vancouver à 23h30 et rejoignons le parking en bord mer indiqué sur Ioverlander.
Nous avons parcouru 19 km ce jour, 13 357 km depuis notre arrivée à Halifax.