Après encore quelques rudes montées dans les roues des tuk-tuks, nous découvrons enfin la vallée du Chixoy, marquant la limite entre les départements du Quiché et de l'Alta Verapaz. Un petit péage de 10Qzl nous attend au moment de franchir la rivière, puis nous entamons la remontée sur l'autre versant de la vallée.
Mauvaise surprise, c'est une piste en terre de l'autre côté du pont. Notre vitesse moyenne baisse encore... Un petit groupe d'enfants nous immobilise une nouvelle fois en pleine montagne, l'un deux simulant même se coucher sous nos roues. Ils sont très, très jeunes, réclament de l'argent, à boire et à manger. Nous ne cédons pas, c'est dur, mais si nous acceptons aujourd'hui leur chantage, que feront-ils lorsqu'ils auront une machette à la main ?
Nous retrouvons l'enrobé et arrivons enfin à Coban. une grande zone commerciale se présente à l'entrée de la ville avec une immense enseigne Mac Donald. Par facilité, nous décidons de nous y arrêter, car nous sommes vendredi et nous avons beaucoup de choses à faire ici, notamment trouver une assurance, faire des courses et faire remplacer nos freins arrière...
Nous passons une excellente nuit, pas trop chaude et à 8h00 nous sommes prêts à reprendre la route.
La route AV9 que nous suivons est toujours aussi exigeante, de part les reliefs traversés et son importante circulation. Nous sommes samedi et beaucoup de villageois se rendent dans les marchés des villes les plus proches, notament à Chisec, l'autre grande ville du département de l'Alta Verapaz. Ils se déplacent en tuk-tuk ou dans la benne des pick-ups, lesquels roulent à tombeau ouvert et me doublent dans la moindre descente. Ici, l'habitat traditionnel a été épargé par l'ouragan et nous voyons encore de nombreuses maisons en bois couvertes de tôles.
Nous constatons également que petit à petit, la forêt laisse place à des cultures de maïs. Cette fameuse déforestation dont on parle tant, n'est pas faite ici avec de gros moyens de terrassement, mais elle progresse d'année en année autour des habitations. Et depuis le Chiapas, nous croisons tous les jours des villageois équipés de pulvérisateurs arpentant ces cultures pour répandre les produits agrochimiques à longueur de journée. Avec ces procédés rudimentaires, les surdosages sont inévitables... Sans oublier l'exposition de ces hommes aux pesticides et la pollution des eaux... Mais Coca-cola est là pour vendre de l'eau purifiée !
Nous traversons Chisec et son marché avec bien des difficultés puis entrons dans le département du Peten.
Le Peten est le plus grand département du pays dont la superficie en occupe près du tiers. Avec le Mexique et le Belize, dont il est frontalier, il forme le coeur du territoire de l'ancienne Civilisation maya.
Les paysages changent, nous traversons maintenant une immense plantation de palmiers à huile, nous arrivons à Sayaxché.
Le bac nous attend pour franchir le rio Pasion. Une fois sur l'autre berge, nous poursuivons encore durant quelques kilomètres avant de nous accorder une pause près d'un terrain de foot à l'entrée de la Libertad.
Nous arrivons à destination et rejoignons, pour la nuit, un spot indiqué sur Ioverlander, le parking gardé de la mairie de San Benito.
Nous avons parcouru 245km ce jour, 2 607km depuis notre retour à Cancun.
Florès est la capitale du département du Peten. La partie ancienne de la ville se situe sur une île à une extrémité du lac Itza Peten, mais ce n'est qu'une toute petite partie de celui-ci qui s'offre à nous depuis Florès. Deux villes se sont développées de part et d'autre du pont qui relie l'île à la terre ferme, Santa Elena et San Benito. C'est près de la mairie de cette dernière et au pied du château d'eau, que nous venons de passer une nuit tranquille.
Nous nous arrêtons faire quelques courses au centre commercial La Torre près du pont de Florès, puis partons à la découverte de cette ville.
Nous nous baladons à pied en longeant le lac par la côte est. Celle-ci n'est pas la plus agréable et nous devons attendre d'atteindre la rive opposée pour retrouver quelques bars et un peu d'animation. Nous prenons un jus de fruit sur une terrasse puis grimpons à la découverte des ruelles intérieures.
Les petites rues empierrées bordées de maisons colorées ont beaucoup de charme mais nous en faisons rapidement le tour. Il fait très chaud et avant de découvrir la cuisine du chic restaurant Raices, nous profitons déjà avec grand plaisir d'aller nous mettre au frais sous son immense palapas construite sur pilotis au bord du lac.
Les mesures anti-covid appliquées dans l'établissement sont d'une extrême rigueur. La salle est immense, ouverte sur l'extérieure sur quatre côtés, et pourtant les tables sont distantes d'au moins quatre mètres avec un distributeur de gel installé à l'extrémité de chacune d'elles quand bien même nous avons reçu notre dose à l'entrée, tandis qu'un serveur prenait notre température. Nous consultons la carte et pouvons passer commande de nos plats à l'aide d'un QR code, et les serveurs, qui se tiennent à distance, portent masque et visière, et sont équipés de micro relié entre-eux et les cuisines... Nos couverts arrivent enfermés dans une boîte type Tupperware. Enfin, sitôt les clients partis, un serveur procède immédiatement au nettoyage de la table et de toutes les chaises au karcher!
Isa demande le fameux poisson blanc du lac recommandé par le Guide du Routard. Celui-ci n'est pas à la carte et le serveur bredouille une réponse derrière son masque et sa visière, que nous ne comprenons pas. N'est-ce peut-être pas la saison, n'y a-t-il plus de poisson dans le lac, nous ne saurons jamais, Isa commande un autre poisson.
Nous revenons à la voiture et partons pour Tikal. Nous y arrivons au bout d'une heure, et achetons nos billets pour le lendemain matin, 150Qtz par personne. Nous payons également le camping, 50Qzl par personne et allons nous installer sur la grande prairie au milieu de la jungle.
Nous avons parcouru 70km ce jour, 2 677km depuis notre retour.
Les sanitaires sont rudimentaires et sans électricité. Les douches sont sales, sans pomme de douche, avec des bouteilles vides à droite et à gauche... De plus le gardien ferme les portes et conserve la clé sur lui et il faut lui courrir après pour pouvoir y accéder. Tout çà pour 11 euros par jours. Unique avantage, l'entrée du parc de Tikal est à 100m.
Nous nous présentons à 6h00 à l'ouverture du parc. Nous sommes seuls ce matin, une brume assez tenace au-dessus de nos têtes. Nous entrons, quelques singes hurleurs se font entendre au loin, les coatis traversent le chemin indifférents à notre présence. Nous pénétrons dans la jungle, un poil anxieux.
Tikal connaît son apogée entre 200 et 900 apr. JC. Durant des siècles, les Mayas ont construit, agrandit, modifié des édifices en conservant les constructions existantes. Le site fut redécouvert à la fin du XIXè siècle et ne fut sérieusement étudié que durant la deuxième moitié du XXe siècle.
Le site est très grand et nécessite de cinq à six heures pour une visite complète.
Nous arrivons dans la première zone de temples et découvrons Gran Plaza. C'est l'ensemble le plus impressionnant de Tikal. Il est constitué de deux pyramides se faisant face, le temple du Grand Jaguar (I) et le temple des Masques (II). De part et d'autre de ceux-ci, l'Acropole nord et l'Acropole centrale, des ensembles édifiés les uns sur les autres, un empilement de palais, modifiés au fil du temps. Une structure extérieure permet de grimper sur le temple des Masques. Nous y montons et attendons que la brume se lève... Deux perroquets s'agitent au-dessus de nous, puis disparaissent.
Le soleil nous accompagne maintenant, nous poursuivons vers le temple V, le deuxième plus haut de Tikal et l'un des plus anciens.
Nous poursuivons et arrivons à El Mundo Perdido, le centre de la ville du IIIè au Vè siècle. Au centre de cet ensemble, une pyramide servait d'observatoire astronomique. Un escalier en bois interminable permet d'accéder à une plateforme construite au sommet de celle-ci, offrant un magnifique panorama sur la jungle.
Nous terminons la visite de Tikal par l'ascension du temple IV, la plus haute pyramide du site avec 65m. il est passé 11h00 lorsque nous revenons à l'entrée du parc. Quelques groupes entament leur visite, par cette châleur nous sommes bien heureux d'en finir...
Nous revenons au camping-car et déjeunons. Nous quittons ensuite Tikal et retournons à Florès. Nous y arrivons à 15h00, je prends mon ordinateur portable sous le bras et nous nous empressons de revenir sur la terrasse du bar au bord du lac pour suivre le match France-Suisse de l'Euro... 97ème minutes, 3-3, nous mettons un moment à comprendre, le temps réglementaire est terminé et nous jouons les prolongations... Cela m'avait échappé, au Guatemala nous n'avons pas 7h00, mais 8h00 de décalage avec la France...
Cela s'annonce mal, le match se termine aux pénalties. La Suisse bat la France 5 penalties à 4.
Nous retournons dormir près de la mairie de San Benito. Demain nous prendrons la route de Rio Dulce.
Nous avons parcouru 70km ce jour, 2 747km depuis notre retour à Cancun.