Nous sommes à Verde Eventos, un parc magnifique, parfaitement entretenu, loué pour des mariages et des fêtes. Il accueille également les voyageurs de passage pour 75Qtz la nuit, environ 8 euros. Nous avons une immense pelouse à notre disposition, ainsi que des toilettes, une grande cuisine, un robinet d'eau et un raccordement électrique. Le tout à dix minutes du parc central...
Le seul occupant est John, un jeune californien voyageant en van. Il nous donne toutes les informations nécessaires sur les lieux et nous indique qu'Isaac, le gardien, peut aussi nous emmener au volcan Acatenango car il fait également guide. Ils y sont allés la veille et il nous met en garde sur la grande difficulté de la randonnée...
Isaac revient dans l'après-midi. Il nous propose cette sortie, sur une journée. Il nous rassure quant à la difficulté de cette ascension, cependant nous n'avons pas sa condition physique. Si nous la faisons, ce sera comme le propose certaines agences, sur deux jours avec une nuit en altitude.
Nous avons parcouru 103km ce jour, 3 288km depuis notre retour à Cancun.
Ce matin, nous partons à la découverte d'Antigua.
La ville compte 35 000 habitants. Elle fut fondée en 1543 par les Espagnols dans la vallée de Panchoy. Elle est entourée par trois volcans, Agua, Fuego et Acatenango. Elle est inscrite au Patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1979. Antigua se développe et devient la capitale de l'Amérique centrale. Un tremblement de terre détruit en partie la ville en 1717, puis un second, plus dévastateur, la ravage une nouvelle fois en 1773. C'en est trop pour la couronne d'Espagne qui décide de transférer la capitale dans une nouvelle ville, Ciudad Guatemala. Entre les ruines, la ville conserve de belles demeurent coloniales, dont beaucoup ont été transformées pour accueillir les touristes du monde entier.
Nous prenons la direction du Parque Central en longeant le mercado. Nous passons devant la station de bus et ses fameux "chicken bus", les vieux bus scolaires des Etats-Unis, décorés et bariolés, qui retrouvent ici une nouvelle vie.
Nous passons ensuite devant le grand parc de la police touristique. Celui-ci n'est pas très bien entretenu, mais c'est aussi, pour nous, une possibilité de stationnement à Antigua. Le parc est gardé jour et nuit, c'est gratuit, mais il faut laisser une copie de ses papiers à la police. Un camping-car français y est installé, nous faisons connaissance, il s'agit de Christophe et Nancy, un couple belge installé en Namibie depuis de nombreuses années. Ils sont restés au Costa Rica durant la pandémie et ils remontent aujourd'hui vers le Mexique. Ils nous parlent de ce petit pays dont ils sont tombés amoureux et où ils ont même acheté une maison...
Cette discussion boulverse un peu nos certitudes... Et si nous descendions au Costa Rica ?
Nous arrivons au Parque Central. La place est très large et très belle, ombragée, organisée autour d'une grande fontaine. De part et d'autre de celle-ci, de vieux palais, au sud la Capitainerie générale, l'ancien siège de l'administration de toute l'Amérique centrale, et au nord la mairie de la ville. Le troisième coté de la place est occupé par la cathédrale, dont seule la façade principale est restée intacte. L'arrière est en ruines, ou plutôt, à vrai dire, jamais achevé entre les différents tremblements de terre...
Le dernier coté de la place est occupé par une galerie avec quelques commerces, dont le Café Condesa. Nous décidons de reprendre un petit-déjeuner dans l'un des patios de cette belle maison.
Le café guatémaltèque est très bon, cependant le temps a bien changé durant notre pause et il s'est mis à pleuvoir. La pluie est fine, nous restons quelques minutes sous les arcades puis décidons de faire ce que nous avions prévu, monter au Cerro de la Cruz, un calvaire sur une colline au-dessus de la ville.
Nous remontons la rue n°2a oriente, dans sa partie supérieure celle-ci est très agréable ; de part et d'autre de la rue empierrée, deux rangées d'arbres et de belles pelouses tiennent les piétons et les anciennes maisons coloniales en retrait de la circulation.
Le beau temps est revenu ce matin. Mis à part les quelques gouttes de pluie tombées la veille, le temps ici à 1500m d'altitude est très agréable, 25°C la journée et 15°C la nuit. Nous profitons de ce ciel tout bleu pour retourner prendre des photos de cette belle ville.
Nous ne nous sommes pas encore décidés pour l'ascension du volcan Acatenango, en revanche nous souhaitons aller voir le volcan Pacaya. Nous allons nous renseigner dans la première agence que nous trouvons, la dame nous propose cette sortie pour 400Qtz, 44 euros, tout compris, trajet, entrée du parc et guide. Nous validons cette proposition, le chauffeur viendra nous prendre à 6h00 demain matin devant la porte de Verde Eventos.
Pour nous remettre en jambe, nous décidons de retourner au Cerro de la Cruz. Il fait très beau ce matin, le volcan Agua est bien visible avec une petite couronne de nuages. Sur sa droite, nous apercevons enfin El Fuego et une partie de l'Acatenango.
Nous ne nous lassons pas de parcourir les rues de cette jolie ville coloniale où fourmillent les détails architecturaux, et ce malgré les troitoirs étroits et hauts, les rues grossièrement empierrées et les fumées omniprésentes de gaz d'échappement. Pour être encore plus agréable, Antigua mériterait un secteur piétonnier...
Nous changeons une nouvelle fois d'adresse pour notre petit déjeuner. Ce matin, nous testons le Café Bohème, tenu par des Français, avec une magnifique terrasse face aux volcans au-dessus des toits de la ville.
Nous revenons au CC et dans la soirée, j'envoie un mail à l'association de guides Asaova, une des agences qui organise des expéditions au volcan Acatenango sur deux jours. Nous sommes maintenant bien motivés et nous regretterions de quitter Antigua sans faire cette sortie...
Aujourd'hui c'est un autre volcan qui nous intéresse, le Pacaya. Il culmine à 2552m et c'est un volcan des plus actifs de la région. Sa dernière érution remonte au mois de mars de cette année. Il n'est distant d'Antigua que de 25km, mais on en compte le double par la route.
Notre chauffeur vient nous chercher, comme convenu, à 6h00 devant la porte de Verde Eventos. Une bonne surprise, ce n'est pas un mini-bus mais un SUV confortable, un Mazda CX5, qui va nous emmener au pied du volcan. Nous traversons Antigua et prenons, devant son hôtel, Noémie une jeune fille suisse qui nous accompagnera pour cette randonnée.
Notre chauffeur conduit très vite sur la route sinueuse vers Ciudad Guatemala, puis nous arrivons dans les bouchons de la périphérie de cette grand ville. Sa conduite aggressive est usante et je suis soulagé lorsque nous arrivons enfin sur le parking du parc national du Pacaya.
Le parking nous offre déjà un panorama splendide sur les volcans Agua, Acatenango et Fuego avec son panache de fumée. Nous faisons la connaissance de notre guide Catarina. L'entrée du parc est payante et il est obligatoire de prendre un guide pour accéder aux abordx du volcan. Catarina nous explique que c'est en appliquant ces mesures que les autorités ont réglé les problèmes de vols et d'aggressions et elle nous précise qu'il ne faut surtout pas s'aventurer dans les zones non sécurisées, comme le volcan Agua au-dessus d'Antigua...
Nous suivons un chemin assez raide durant une heure et arrivons au pied de la coulée de lave. Il s'agit en fait de plusieurs coulées dont les couleurs varient selon leur ancienneté. La dernière au mois de mars a recouvert le sentier et c'est un nouveau tracé que nous devons emprunter. La lave est encore chaude sous nos pieds, la guide sort un paquet de chamalows et des pics à brochette. Nous grimpons sur un monticule pour avoir une vue d'ensemble, mais à part quelques fumeroles, le spectacle s'avère assez décevant. Nous revenons au parking, remercions notre guide souriante et reprenons la route pour Antigua.
Notre chauffeur nous dépose près du Parque Central et nous retournons au Cafe Condesa pour nous reposer et profiter du wifi. Catalino, le gérant d'Asaova, nous a répondu, c'est bon pour ce week-end pour 400Qtz par personne. Les prévisions météo sont favorables pour samedi et dimanche, en revanche nous risquons de ne pas être seuls...
Nous quittons Verde Eventos et allons nous installer sur le parking de la police touristique. Nous nous reposons et préparons nos sacs en vue de notre week-end. Dans l'après-midi, nous retournons faire un petit tour en ville.
Près des ruines du Colegio Compaña de Jesús, nous découvrons la magnifique terrasse du Gran Hotel Euro Maya. La vue sur le volcan Agua et les ruines sont grandioses, nous avons du wifi et une prise électrique, cocktail en main nous y passerions des heures... 16h00, Catalino nous confirme notre rendez-vous, demain matin devant le parking de la police touristique à 7h45.
Neri, le conducteur du mini-bus arrive avec un quart d'heure de retard. Nous récupérons d'autres randonneurs et partons à neuf en direction de San Jose Calderas, le village de Catalino.
Werner, son fils, sera notre guide. Nous récupérons les sacs avec nos repas, les 2 bouteilles d'eau ainsi que des vêtements chauds pour ceux qui n'en ont pas. Je loue également un bâton de randonnée. Nous repartons en minibus jusqu'au point de départ de la marche. Notre groupe semble sympathique, un point m'inqiète un peu, tous ont entre 25 et 30 ans...
Nous y sommes. Le départ est à 2420m et nous devons monter à 3976m au sommet de l'Acatenango. Le camp est un peu en-dessous à 3700m. Ce n'est pas tant le dénivelé qui m'inquiète, mais le rythme du groupe et notre adaptation à l'altitude.
Nous montons entre les champs de maïs, la pente est très rude. Par endroit, les récentes pluies ont creusé de profonds ravins au milieu du chemin ce qui complique encore l'ascension. Werner est en tête et un second guide, Fernando ferme la marche. Werner est rassurant, le groupe s'adaptera au rythme de chacun et nous arriverons tous ensemble au sommet.
Nous quittons les maïs et entrons dans la forêt. Nous faisons la pose repas un peu avant la mi-chemin, cette terrible première partie est derrière nous.
Au détour d'un virage, le volcan El Fuego nous apparaît, le camp n'est plus très loin. Les premières tentes sont en vue. Hélas, chaque compagnie de guide a aménagé des terrasses pour planter son campement et le nôtre se trouve au-dessus de tous les autres. Nous arrivons enfin, nous avons mis un peu plus de quatre heures trente.
Le campement tout en longueur est un magnifique balcon face au Fuego. Nous voyons chacune de ses explosions et entendons son grondement. Passé l'émerveillement, le froid nous saisit brusquement. Le petit feu des guides ne suffit pas à nous réchauffer, les uns après les autres nous allons nous réfugier dans les tentes en attendant le repas.
A l'intérieur du sac de couchage il fait toujours aussi froid, j'ai les pieds gelés et je me demande comment nous allons pouvoir dormir cette nuit... Les guides nous appellent pour le dîner, la nuit est maintenant tombée et le spectacle est magique. A intervalles réguliers, toutes les vingt minutes environ, la lave incandescente jaillit du volcan et se répend sur ses flancs.
Les guides servent le repas, spaghettis sauce tomate, accompagnés de nachos et purée de haricots rouges. A cette altitude et avec cette température, c'est un véritable exploit que de nous servir un repas chaud.
Le spectacle est toujours aussi merveilleux mais avec ce froid je n'arrive plus à me motiver pour attendre les explosions du volcan et prendre des photos. Nous prenons un chocolat chaud et un whisky et retournons sous la tente. Demain une autre grosse journée nous attend, réveil 3h30.
La sonnerie du téléphone d'isa me réveille quand bien même j'ai le sentiment de n'avoir pas fermé l'oeil de la nuit. Une nuit difficile et malgré ce qui nous attend, je suis heureux qu'elle en finisse. 4h00, lampe frontale allumée, nous partons pour l'ascension finale de l'Acatenango.
Nous avons un peu plus d'une heure trente avant le lever du soleil et notre guide gère notre montée de manière à ce que nous ne restions pas trop longtemps exposés au vent à attendre celui-ci sur la crête du volcan.
Nous arrivons enfin et découvrons un cratère parfaitement circulaire. Le soleil va se lever, pour une dernière fois, l'éruption du Fuego est incandescente.
il fait jour maintenant, nous n'avons pas assisté au lever du soleil qui est resté caché derrière une mer de nuages, nous entamons la redescente. Celle-ci est sportive, en ligne droite sur le flanc du volcan. A chaque pas, nos pieds s'enfoncent dans une soixantaine de centimètres de sable volcanique.
Nous retrouvons le camp et déjeunons. Café, lait chaud et céréales, puis chacun démonte sa tente et range les couchages. 8h30, nous sommes prêts à entammer la descente.
Photo de notre super groupe... Celia (Espagne), Rosillo (Espagne), Jefferson (Colombie), Ben (Danemark), Xisca (Espagne), Edouard (Espagne), Paola (Venezuela), Werner (guide), Fernando (guide).
11h00, nous sommes revenus au départ de la randonnée. La dernière partie entre les champs de maïs fut interminable. Nous sommes fiers de nous et heureux de cette belle aventure qui restera pour toujours un grand souvenir.
Retour à Antigua. Nous prenons nos douches puis partons déjeuner en ville. La finale de l'Euro, Angleterre-Italie est sur les écrans de tous les bars, nous nous installons dans l'un de ceux-ci et commandons deux pizzas. 1-1, prologations, penalties. L'Italie a gagné, notre voisin va exploser sa table de joie...
Journée de repos avant de reprendre la route. Dans la soirée, nous faisons connaissance de Nadia et Gérard, un couple de Bretons équipés comme nous d'un pick-up et d'une cellule. Ils ont aussi dû abandonner leur véhicule en 2020 et viennent de le retrouver. Nous passons une excellente soirée en leur compagnie. Ils remontent tranquillement vers le port de Veracruz, nous devrions nous revoir...