Yucatan


mardi 21 janvier 2020 suite - J203

Nous suivons la route 180 pour Merida et entrons dans l'état du Yucatan, puis bifurquons en direction du site archéologique d'Uxmal et de la Ruta Puuc. Nous entrons dans un des grands centres de la civilisation Maya.

Le mot Puuc signifie colline en Maya. La péninsule du Yucatan est totalement plate, à l'exception de cette zone au sud-est de Merida, qui est une région de collines basses en calcaire. Ce terme a également été donné au style de l'architecture locale.

Nous laissons le site d'Uxmal dans un premier temps et roulons jusqu'au site de Kabah où nous prévoyons de passer la nuit. Il est 15h00 lorsque nous y arrivons, les visiteurs sont plutôt rares. Le prix d'entrée est modique, 55 pesos par personne, soit 2,80€.

Le site de Kabah couvre 3km2, dont une partie se trouve encore recouverte de forêt. Il est scindé en deux par la route par laquelle nous sommes arrivés. il a connu son apogée entre les ans 700 et 1000 et comporte des pyramides et des palais. Le premier que nous découvrons est le Gran Palacio, cependant le plus remarquable est le Palais des Masques, Codz Poop en maya. Sa façade principale, longue de 46m, est ornée d'une succession ininterrompue de 260 masques du dieu Chaac, le dieu de la pluie, au nez crochu. La plupart des nez de pierre sont cassés mais quelques-uns ont été préservés. Dans cette région très fertile, l'eau était rare et les populations avaient construit d'importants réservoirs souterrains, les chultunes, qui ne pouvaient se remplir que lors des pluies.

Nous traversons la route  pour aller voir l'arco monumental. Celui-ci a été reconstuit, c'était la porte d'entrée du sacbe, la voie empierrée qui menait au site de Uxmal à une vingtaine de kilomètres de Kabah. Ce chemin est aujourd'hui noyé dans la jungle, tout comme la grande pyramide dont nous apercevons à peine le sommet.

Je demande l'autorisation de dormir près de l'entée du site, la dame me dit qu'il n'y a pas de problème et que nous pouvons même, si nous le désirons, utiliser les toilettes. Elle part à 16h30, mais un gardien la remplacera pour la nuit.  

Nous avons parcouru 180km ce jour, 36 295km depuis notre arrivée à Halifax.


mercredi 22 janvier 2020 - J204

Bien que nous soyons au beau milieu de la jungle, la nuit n'a pas été aussi calme que nous l'espérions. La Ruta Puuc n'est guère fréquentée la nuit cependant nous avons entendu tout de même plusieurs camions et le chien du gardien a aboyé fréquemment... 

Nous nous mettons rapidement en route pour arriver à Uxmal dès l'ouverture. Nous avons de la chance, le soleil est revenu et la journée s'annonce splendide.

Le parking du site est payant, 80 pesos la journée, 4€ et l'entrée coûte 338 pesos, 16,70€ par personne. Ce prix élevé fait suite à la décision du gouvernement du Yucatan d'augmenter les prix de 110% à compter du 1er janvier 2019. Nous souhaitions visiter Choco-Story, un éco-musée sur la fabrication du chocolat en face du site, compte-tenu de ces tarifs nous en ferons l'impasse. Nous aurons certainement l'occasion d'en visiter ailleurs... Les caisses n'acceptent pas les cartes bancaires, nous devons retirer des pesos au distributeur. Juste un euro de frais, mais le taux de change est très défavorable pour nous... 

Nous entrons et tombons immédiatement devant un premier chef d'oeuvre architectural, la pyramide du Devin.

L'originalité de cette pyramide réside dans le plan de sa base qui est ovale. Elle est haute de 35m et comporte un temple à son sommet. il n'est plus autorisé de gravir ses escaliers.

En continuant la visite, nous découvrons le Quadrilatère des Nonnes. C'est un ensemble de quatre édifices entourant une vaste cour intérieure de 65m x 45m. Nous retrouvons ici le style Puuc que nous venons de découvrir à Kabah, les bâtiments sont ornés de symboles dont les fameux masques Chaac, les serpents à plume et les frises aux motifs géométriques.

Nous traversons le Jeu de Pelote. Le terrain est longé par deux murs en pierre équipés chacun d'un anneau. Les joueurs devaient faire passer une balle dans ces derniers en s'aidant des genoux, des coudes, des hanches ou des fesses, mais sans les pieds ni les mains. Au-delà du terrain, nous arrivons au pied de la Grande Pyramide.

Contrairement à la pyramide du Devin, il est autorisé de monter sur la Grande Pyramide. Nous arrivons à la limite du site défriché. Les fouilles ont débuté en 1929 et à ce jour un seul côté a été déblayé. Elle est haute de 32m et la montée des gradins est très raide et vertigineuse. Il est dit que les marches se montent et se descendent en diagonal pour ne pas faire face au dieu ou lui tourner le dos. Nous respectons ce principe d'autant que cela facilite grandement la montée et sécurise la descente. 

Nous quittons la Grande Pyramide après une petite pause au sommet devant le temple et arrivons au palais du Gouverneur.

Ce palais date du Xème siècle. Il est bâti sur une large plateforme  qui domine tout le site. Sa longue façade mesure près de 100m, il est très élégant et est considéré comme un des chefs d'oeuvre de l'architecture maya. Sur la magnifique partie supérieure on retrouve tous les éléments du style Puuc. En contrebas du palais, nous  pouvons voir la Maison des Tortues et le Trône du Jaguar. 

Nous en avons terminé avec la visite d'Uxmal. Nous venons de passer deux heures de bonheur, dans un site extraordinaire où nous étions presque seuls. Nous avons hâte de découvrir les autres sites mayas...

Nous reprenons la route et suivons la direction de Merida. Nous contournons cette dernière et continuons en direction de Chichen-Itza.

Nous y arrivons vers 17h00. Nous trouvons à nous garer le long de la rue, quelques mètres avant l'entrée du site et du parking payant. Les marchands rangent tranquillement leurs étalages. 

Nous avons parcouru 219km ce jour, 36 514km depuis notre arrivée à Halifax.


jeudi 23 janvier 2020 - J205

Nuit tranquille mais dès 7h00, le flot de voitures se fait incessant. Nous terminons de déjeuner et allons vers les caisses. Celles-ci viennent d'ouvrir, la file est déjà conséquente. Le parking des bus est bien rempli, les groupes, qui ne passent pas par les caisses, entrent déjà.

Ici aussi les tarifs ont sévèrement augmenté depuis le 1er janvier, 486 pesos, soit 24€ par personne... Et pour ce prix-là, nous ne recevons aucun plan, ceci certainement pour nous inciter à prendre un des nombreux guides qui attendent devant le portillon.

Le site est classé au Patrimoine de l'Unesco en 1988 et a été élu, en 2007, comme faisant partie des sept nouvelles merveilles du monde... Nous suivons le cortège de touristes et arrivons sur la Grande Place, face à la pyramide de Kukulkan, surnommée El Catillo par les conquistadors en raison de ses dimensions imposantes. Celle-ci a une hauteur de 24m, elle est donc paradoxalement nettement moins haute que celles d'Uxmal. 

Aux équinoxes, les arêtes arondies de la pyramide dessine une ombre ondulée sur le mur de l'escalier. Cette ombre, prolongée par les deux têtes de pierre au niveau du sol, donne l'illusion de l'apparition d'un serpent, qui n'est autre que le dieu Kukalkan, le "serpent à plume".   

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Nous apercevons, derrière la pyramide, le Groupe des Mille Colonnes et le Temple des Guerriers. L'accès est interdit au public et nous devons nous contenter de regarder cet édifice derrière une clôture.

En revenant sur l'avant de la pyramide, nous accédons au Temple des Jaguars et au Jeu de Pelote. Celui-ci est plus grand et mieux conservé que celui d'Uxmal.

Contrairement à Uxmal, le site de Chichen Itza avait de l'eau grâce à la présence de deux puits naturels, les cénotes Xtoloc et celui des Sacrifices. Nous jetons un oeil au premier, celui-ci est asséché. Pour accéder au second, il faut suivre une allée bordée d'étalages de souvenirs et se frayer un passage entre les groupes de touristes... J'y renonce.

Les marchands, que l'on compte par centaines, ont fini d'installer leurs marchandises. Il y en a maintenant partout, sur le site, sur le parking, au bord de la route. Je n'ai plus qu'une envie, quitter les lieux. Cette visite est une grande déception, en reprenant la route nous nous rendons compte que nous n'avons même pas visité le secteur de l'Oratoire...

Nous rejoignons Valladolid et allons nous installer au petit camping Xkopek. Le cadre est magnifique, nous sommes presque en pleine nature alors que nous sommes à deux pas du centre ville. Le prix est également attractif, 100 pesos par personne et 40 pesos pour l'électricité, soit à peine 12€.

Nous partons faire un petit tour vers le centre ville. Sur les conseils d'une jeune française rencontrée au camping, nous nous arrêtons en chemin pour déguster une glace chez Wabi Gelato. Celles-ci sont excellentes, de vraies glaces italiennes. 

Nous arrivons sur le Parque la Mestiza, la place animée de la ville. Les deux tours de la cathédrale de San Servacio se dressent devant nous. Les cars qui amènent les touristes de Cancun à Chichen-Itza font une halte sur cette place au retour, ce qui explique en grande partie l'animation de cette fin d'après-midi. Une troupe de danseurs mayas assure le spectacle, alternant danses et jeux de balle. 

Nous poursuivons notre visite en marchant en direction du Convento San Bernardino de Siena, par la rue 41, appelée Calzeda de los Frailes. Cette rue a été constuite au XVI pour relier Valladolid au village de Sisal, ce qui lui donne une grande unité architecturale. Les maisons ont été restaurées et abritent aujourd'hui des hôtels, des boutiques très chics et des restaurants végan. C'est avant tout un quartier bobo pour touristes, bien éloigné de l'authenticité de la vie mexicaine.  

Nous arrivons sur la place du couvent. C'est une vraie forteresse, dans un très bel état de conservation. ii a été construit en 1552 par les franciscains, et c'est d'ici que débuta l'évangélisation de la péninsule du Yucatan.

Nous revenons au camping. Nous devons faire quelques courses en chemin pour notre petit déjeuner et comptons sur les petits magasins devant lesquels nous sommes passés à l'aller. Nous en faisons plusieurs, inutile de chercher des fruits ou des légumes, à part des chips et du coca, ils ne vendent rien d'autre...

Nous avons parcouru 48km ce jour, 36 562km depuis notre arrivée à Halifax.


Vendredi 24 janvier 2020 - J206

Nous passons la journée à nous reposer au camping. Le cadre est très agréable, en plus de l'aire qui permet d'accueillir quelques camping-cars, une demi-douzaine de huttes sont disponibles à la location. Les sanitaires sont également dans une hutte, cachée dans la végétation. Les douches chaudes sont en pierre, cela nous rappelle un peu les douches que nous avions dans les campings en Namibie.


samedi 25 janvier 2020 - J207

Chichen-Itza et Valladolid n'ont pas été à la hauteur de nos attentes, et en reprenant nos guides, il nous semble que, lorsque nous avons passé Merida, nous avons eu tord de faire l'impasse sur la ville jaune d'Izamal. Après quelques hésitations, nous faisons le choix de revenir sur nos pas et d'en profiter pour faire un crochet par Uayma, un autre village que nous avons zappé. Du reste, notre vol n'est que dans cinq jours, nous n'avons aucune raison d'arriver trop tôt à Cancun où les possibilités de bivouac sont assez rares.

Nous faisons plein et vidanges et quittons ce petit camping. Nous faisons quelques courses au magasin Soriana Express, où nous constatons des prix horriblement chers auxquels nous ne sommes plus habitués, puis sortons de Valladolid par la route 70.

Uayma est un tout petit village et le détour ne vaut que pour son très photogénique couvent Santo Domingo.

Cet ensemble a également été fondé par les franciscains pour évangéliser la région. L'église a été renovée en 2005, à noter que la décoration intérieure est tout aussi originale que celle des façades.

Nous reprenons la route d'Izamal. Celle-ci traverse la jungle sèche en ligne droite et la dense végétation tend à se resserrer sur la chaussée. Il convient donc d'être très vigilant, sur les côtés, pour guetter les arrivées éventuelles d'animaux, et devant, pour ne pas se laisser surprendre par un trou ou un tope non signalé. Autant dire que, dans ces conditions, les 80 kilomètres paraissent interminables... 

Nous arrivons à Izamal. Nous trouvons une place pour nous garer autour du Parque Izamna, au pied du couvent San Antonio de Padua, pas très loin des calèches qui attendent les touristes.  

Le nombre d'habitants d'Izamal est de 25 000. Cette ville coloniale fut fondée sur une ancienne cité maya qui compait cinq pyramides. Deux d'entre-elles sont toujours visibles à ce jour. Cette ville est un mélange de cultures et plus de la moitié de la population parle la langue maya.

Nous traversons le parc, le "zocalo" et partons vers le couvent. Le terme "zocalo" désigne la place principale des villes, au Mexique et plus généralement en Amérique du Sud, celle à partir de laquelle la vie est organisée, ce peut être le marché, un lieu de prestige ou de pouvoir.

Ce couvent a également été construit par les franciscains entre 1553 et 1562, sur la terrasse d'une ancienne pyramide. Ceci lui confère une position dominante par rapport aux places et rues environnantes. Il comprend un atrium, l'église ainsi qu'un monastère et ses jardins.  75 arcades bordent cet immense atrium. En 1993, Jeau-Paul II y célébra une messe, une statue du pape a été installée à l'entrée de l'église en souvenir de cet évènement.

Nous déjeunons dans le patio du restaurant los Arcos, près du Zocalo, puis partons nous promener en direction de la pyramide Kinich Kak Moo.

L'entrée est gratuite, un large escalier permet d'atteindre l'immense plateforme sur laquelle est construite la pyramide. Les premières marches sont restaurées mais au-delà du deuxième niveau, la montée devient beaucoup plus sportive.

Le sommet nous offre une vue à 360° sur le Yucatan. Le couvent est bien visible, en revanche nous distinguons à peine la ville noyée dans la végétation.

Nous redescendons et poursuivons notre découverte de la ville jaune. Cette balade est un nouvel enchantement et nous ne regrettons pas la décision que nous avons prise de revenir sur nos pas.

Nous sommes samedi soir, le zocalo ne semble pas être le meilleur endroit pour dormir. Nous tentons notre chance près du Parque de los Remedios, celui-ci est tout aussi bruyant. Nous nous installons finalement le long de la Calle 26B au pied de la pyramide Kinich Kak Moo.

Nous avons parcouru 100km ce jour, 36 662km depuis notre arrivée à Halifax.


dimanche 26 janvier 2020 - J208

La rue était très calme, mais de temps en temps, des groupes assez bruyants de personnes passaient près du camping-car. Ils ne prêtaient pas attention à nous, mais cela suffisait pour nous réveiller.  

Nous reprenons la direction de Valladolid par la route de l'aller, puis continuons vers Cancun par "la libre" (c'est ainsi que sont nommées les routes gratuites se trouvant en parallèle des "carreteras de cuota" les routes à péage). Economiquement ce choix est judicieux, mais nous devons passer plus d'une centaine de "reductores de velocidad", une horreur...

Nous arrivons à Cancun et allons directement vers l'aéroport pour se renseigner sur le prix des parkings longue durée. Le tarif est de 150 pesos par nuit, sans minoration pour la durée. 

Nous reprenons la route et allons voir les tarifs de l'autre adresse de storage que nous avons, le Cancun RV Park.

Ce camping est tenu par Paul et Christy. Il est canadien et ne parle qu'anglais, elle est mexicaine. Paul nous fait faire le tour du propriétaire, le camping est très bien et nous serons seuls. Laisser notre véhicule un mois ne nous coûtera que 1700 pesos, soit 85€, en revanche le tarif de la nuit est élevé, 540 pesos par jour, 27€, mais nous avons tous les services et une piscine. Nous choisissons cette option qui semble être l'endroit idéal pour préparer notre voyage retour.

Nous avons parcouru 295km ce jour, 36 957km depuis notre arrivée à Halifax.



Lundi 27 janvier 2020 - J209

Journée de nettoyage et de préparatifs. La buanderie avec machine à laver et sèche-linge est bien appréciable, tout autant que la petite piscine en fin de journée.


mardi 28 janvier 2020 - J210

Nos préparatifs sont terminés, nous déposons la cellule et partons à la découverte de Cancun. Cette station balnéaire a été créée de toute pièce par le gouvernement méxicain au début de années soixante-dix pour répondre à l'essort du tourisme, et soulager l'agglomération d'Acapulco. Cinquante ans plus tard, le petit village de pêcheurs s'est transformé en une ville de 650 000 habitants.

Cancun est divisé en deux parties bien distinctes, une zone hotelière construite sur un cordon littoral entre la mer des Caraïbes et une lagune, et une zone urbaine où vivent tous les employés indispensables au fonctionnement de cette industrie. 

Sur les 23 kilomètres de bande de terre occupée par les resorts "all inclusive", les hôtels se succèdent sans qu'il soit possible d'accéder à la mer. Deux petites plages publiques subsistent, au nord la Playa el Niño et tout au sud la Playa Delfines.

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Cancun est emblématique du tourisme de masse et par conséquent une destination aux antipodes de nos attentes et de notre mode de voyage. Nous sommes venus ici uniquement pour bénéficier de son aéroport, le premier du Mexique en nombre de passagers, et de ses liaisons modiques avec l'Europe.

Nous parcourons le boulevard Kukulcan du nord au sud, faisons un court arrêt devant les lettres géantes du mot Cancun, puis revenons au camping.

Nous avons parcouru 106km ce jour, 37 063km depuis notre arrivée à Halifax.


mercredi 29 janvier 2020 - J211

16h00, Paul et Christy nous emmènent à l'aéroport, il se met à pleuvoir des cordes. Ce violent orage contraint notre avion en provenance de Paris à se poser à Merida. Notre vol est annoncé avec trois heures de retard. Une nouvelle fois, nous sommes pris en charge par Air France qui distribue des bons de 12€ pour que les passagers puissent se restaurer en attendant l'avion. Les modifications de correspondances s'organisent, pour une fois nous ne sommes pas concernés avec notre escale de 22 heures à Roissy.

Il est 14h00 lorsque nous atterrissons à Paris. Avec l'annulation par AF de notre vol en début d'après-midi vers Mulhouse, nous allons devoir encore attendre 24 heures avant de retrouver la maison.