La pluie s'arrête en milieu de matinée. Nous en profitons pour aller visiter le musée des Merveilles.
La vallée des Merveilles, située au pied du mont Bego dans le Parc national du Mercantour, est l'un des plus importants sites de gravures rupestres d'Europe. Elle englobe en réalité plusieurs sites (Merveilles, Fontanalbe, Valmasque, Valaurette, Sabion et Sainte-Marie). Sur 14 km2 ce site de haute-montagne abrite 50 000 gravures rupestres disséminées au hasard des roches, datées pour la plupart entre le Néolithique final (3 200 / 2 200 avant J.-C.) et l'âge du Bronze moyen (2 200 / 1 300 avant J.-C.).
Le musée présente l'histoire de cette région, du contexte géologique à la tradition pastorale et des reproductions de gravures dont la plus célèbre le sorcier, l'emblème de la vallée.
Nous retournons nous promener dans le village en fin d'après-midi, le soleil est même revenu et nous avons un beau ciel bleu. Tende est une commune bien particulière, nichée tout au fond de la vallée de la Roya. Jusqu'en 1947, elle était italienne, rattachée à la province de Cuneo. Du reste, le fleuve qui la traverse, parcourt 40km en France avant de se jeter dans la mer à Vintimille en Italie.
Nous montons par les ruelles jusqu'aux jardins en terrasse au-dessus du village. Le point de vue sur les vieilles maisons grises enserrant la collégiale Notre-Dame-de-L'Assomption est remarquable.
Nous revenons au camping. La cellule est à l'ombre depuis un bon moment, et à l'intérieur il n'y fait pas chaud. J'allume vite le chauffage, sans résultat, il n'y a plus une goutte de gasoil dans le petit réservoir...
Nous baissons le toit et partons à la recherche d'une station service. La voiture démarre, le témoin moteur ne s'allume plus, en revanche aucune amélioration côté embrayage.
Nous avons parcouru 5km ce jour, 4 735km depuis notre départ.
Réveil à 5h30, hier soir nous avons décidé d'aller voir de plus près cette fameuse vallée des Merveilles. Pour cela, nous devons nous rendre au lac des Mesches en voiture, en remontant la vallée de Bieugne depuis Saint-Dalmas-de-Tende. J'ai repéré la route sur Google Maps, il n'y a pas d'épingle trop serrée et en montant tôt, nous devrions éviter de croiser d'autres véhicules. Il le faut car l'embrayage ne me permettrait pas de faire un démarrage en côte... Les gravures se situent au-dessus du refuge des Merveillles et l'aller-retour vers ce dernier nécessite 7h00 de marche. L'idéal aurait été de faire cette randonnée sur deux jours en passant une nuit au refuge, cependant avec les mesures covid, il est demandé de venir avec son duvet et son sac à viande. Nous n'avons ni l'un, ni l'autre, il nous faudra tout faire dans la journée...
Nous atteignons le lac des Mesches sans encombre. C'est un lac artificiel situé à 1 370m, construit par les italiens en 1915. Les abords du lac sont assez décevants, occupés par des installations hydrauliques et une énorme construction industrielle à l'abandon. Les possibilités de stationnement sont réduites, cela ne nous arrange pas car nous avons prévu de rester ici pour la nuit. Sans autre alternative, nous nous résignons à nous stationner le long de la route et partons pour la balade.
Nous remontons le vallon de la Minière jusqu'à l'ancienne mine d'argent, de plomb et de zinc, la minière de Vallauria, exploitée jusqu'en 1929. Nous passons ensuite une petite retenue d'eau et entrons dans la forêt. Nous débouchons ensuite sur une piste carrossable, que nous suivons un court moment, puis bifurquons sur un sentier empierré très raide, au plus près du torrent.
Une fois franchi ce passage éprouvant, nous découvrons un premier plateau couvert de mélèzes, puis un univers beaucoup plus minéral, constitué des fameuses roches sédimentaires vertes et violettes, dont nous avons vu des échantillons au musée des Merveilles. Nous arrivons au lac long inférieur, le mont Bégo est juste au dessus de nous.
Le refuge des Merveilles se présente un peu plus loin, il est midi. Nous sommes à 2 130m, nous venons de gravir 760m en un peu moins de 4h00.
Nous entrons dans le refuge, quelques personnes sont attablées dans une première salle. L'une d'entre elle se présente comme étant la gardienne, elle nous indique que pour l'instant elle mange, mais que si nous le désirons, nous pouvons nous installer à l'intérieur pour pique-niquer. il fait frais sur la terrasse, nous acceptons volontiers et déjeunons. Le moins que l'on puisse dire est qu'ici, on ne force pas à la consommation. Nous avons bien fait de prévoir nos casse-croûtes...
Une visite guidée gratuite des gravures est organisée chaque jour par le Conseil Départemental à partir de ce refuge. Nous nous renseignons sur la visite de cet après-midi, le guide termine son repas. Il nous explique que le départ est à 13h30 pour un retour à 16h00 au refuge. Nous lui expliquons que nous devons redescendre avant la nuit au lac des Mesches et lui demandons s'il est possible de ne faire qu'une partie de la visite. Pour toute réponse, il nous dit que c'est à nous de voir... Vraiment sympa l'accueil dans ce refuge !
Nous avons fini de déjeuner, il est à peine 12h30. Nous n'avons aucune envie d'attendre le guide pendant une heure, nous décidons de partir à la recherche des gravures par nos propres moyens. Nous débutons par la boucle du sentier d'interprétation, celle-ci ne nous apprend rien de plus que ce que nous avons vu au musée. il est temps de passer aux choses sérieuses, nous partons sur le GR52 en direction de la vallée...
Le sentier contourne l'extrémité du lac long supérieur et s'élève au-dessus de celui-ci en direction du mont Bego. Nous arrivons devant un panneau explicatif, nous pourrons découvrir les quelques gravures en bord de sentier, en revanche il est interdit de quitter celui-ci sans l'accompagnement d'un guide.
La première gravure que nous rencontrons est la Roche Vandalisée. Nous passons ensuite au pied de la Paroi Vitrifiée. Celle-ci ressemble par endroit à un véritable marbre poli, de nombreuses gravures apparaissent en partie basse de celle-ci, mais il est bien difficile de cerner le dessin authentique du graffitis rapporté... Nous continuons de grimper en direction de la stèle du Chef de Tribu, la gravure emblème de la vallée.
Nous marchons maintenant depuis un bon moment, nous n'avons ni indication ni réseau pour le GPS et le refuge est déjà à une heure derrière nous. De plus, nous savons qu'il nous faudra encore en ajouter quatre pour rejoindre le parking. Il est 15h00, il devient impératif de faire demi tour si nous voulons arriver avant la nuit...
Je m'arrête après être passé sous un rocher suspendu, Isa monte encore quelques mètres. Elle revient, à priori le sorcier n'est pas encore en vue, nous décidons de redescendre.
Plus bas, nous découvrons une gravure qui nous avait échappé à l'aller, La Roche de l'Eclat. Elle est très représentative des gravures de la région car elle comporte chaque type de motifs présents dans la vallée.
Le refuge est maintenant en vue. Un guide attend son groupe, je lui décris l'endroit d'où nous venons et lui demande où se trouve le Sorcier... Juste avant le lac des Merveilles, nous y étions presque, nous avons de quoi être en rogne. Et en plus, nous avons loupé la gravure du Christ.
Nous faisons une pause au refuge. Pour nous remettre de cette déception, nous nous offrons deux bières brunes de la microbrasserie de la Roya. Nous n'aurons pas vu le sorcier mais nous aurons au moins les gobelets du refuge à son effigie en souvenir...
En une demi-heure, la météo a radicalement changé. Le ciel est maintenant totalement couvert puis il se met à neiger. Par sécurité, nous renonçons à descendre par le sentier le long du torrent et choisissons de rester sur la piste. Le retour sera encore plus long...
Nous retrouvons le camping-car après près de 10h00 de marche et 1000m de dénivellé. Nous dînons rapidement et allons nous coucher.
Nous avons parcouru 15km ce jour, 4 750km depuis notre départ.
Avec la fatigue et les boules Quiès, je n'ai guère entendu la turbine du lac cette nuit. Il y aurait d'autres belles randonnées à faire ici, mais nous devons impérativement régler ce problème d'embrayage. Un concessionnaire Isuzu se trouve justement à La Turbie, nous décidons de nous y rendre dans l'après-midi de manière à nous y présenter dès l'ouverture lundi matin.
Nous revenons dans la vallée de la Roya, passons Saint-Dalmas-de-Tende, puis bifurquons à Fontan pour rejoindre Saorge. La petite route, taillée dans la roche, n'offre que de rares possibilités de croisement. Elle serpente au dessus de la rivière et de la voie ferrée, traverse un long tunnel à voie unique sans éclairage, et débouche enfin au pied du village. Le minuscule parking à l'entrée de celui-ci est complet, l'accès au second, à peine plus grand, est étroit et raide, nous faisons demi tour et revenons nous stationner en bord de route.
Saorge compte parmi les plus beaux villages de France, cependant il n'a pas intégré l'association et ne figure pas sur la liste de ceux que nous avions décidés de visiter.
La commune est entièrement classée, pour son architecture médiévale et ses allures de village tibétain. Elle est construite à flanc de montagne, en amphithéâtre au-dessus des gorges de la Roya. Nous visitons le village, ses dédales de ruelles et ses passages voûtés, son église Saint-Sauveur, descendons à la chapelle Madone del Poggio, puis remontons au monastère de Saorge...
Il est midi lorsque nous revenons au camping-car, il est temps de chercher un endroit pour pique-niquer. P4N indique deux endroits au bord de la Roya, le long de l'ancienne route utilisée avant le creusement du tunnel Nord de Saorge. Nous nous arrêtons près du pont du Commun, juste en-dessous du village. Je fais griller quelques saucisses, la vue est extraordinaire...
Nous nous remettons en route après cette agréable pause. Nous descendons à travers les gorges de la Roya, passons Breil et retrouvons l'Italie. Nous bifurquons sur l'autoroute à l'entrée de Vintimille, revenons rapidement en France et sortons à La Turbie.
Le garage Isuzu est également un concessionnaire Peugeot. Celui-ci ne ressemble à aucun autre, c'est un ancien bâtiment construit sur plusieurs niveaux, à flanc de colline, près d'un viaduc de l'autoroute. Nous nous engageons dans le chemin très étroit et tombons nez-à-nez avec le patron du garage au volant de son camion de dépannage.
A l'odeur dégagée par notre moteur le garagiste n'a pas de doute sur l'état de l'embrayage. Il faudra demander la prise en garantie du constructeur, commander les pièces et faire le travail. Comme nous nous en doutions, nous allons devoir rester ici un bon moment...
Nous allons nous installer pour la nuit au bout de la petite route, un peu avant la barrière du chemin forestier. Nous sommes juste au-dessus du péage de La Turbie.
Nous avons parcouru 79km ce jour, 4 829km depuis notre départ.